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23.11.2010

Arnaud Frisch

Frêle et discret derrière ses petites lunettes noires, on ne soupçonne pas le patron de club électro, plutôt un architecte… Et, à dire vrai, l’image lui va plutôt bien. Arnaud construit son parcours, sa programmation musicale, son club comme un architecte le ferait, pas à pas, avec un souci de cohérence et, époque oblige, du développement durable. Sans jamais oublier l’humain.

Le Social Club vient de rouvrir, quelles sont les différences entre l’ancien et le nouveau ?

Quand on a ouvert le Social Club, on a dû tout imaginer en un moins d’un mois avec le collectif d’architectes Exyzt et Laurent Fetis pour le graphisme. C’était un lieu éphémère qui devait durer six mois. Et le projet a rapidement obtenu la reconnaissance de nombreux magazines d’architecture et de design internationaux. Finalement, on a attendu deux ans et on a pu imaginer un nouveau lieu, avec le collectif flamand Maister, qui garde l’esprit du premier projet tout en tenant compte de notre expérience et de notre vécu.

Au fait, pourquoi l’avoir nommé « Social Club » ?

Le social club anglais est né en réaction aux clubs traditionnels de l’aristocratie britannique. On avait envie de créer un endroit où on ne venait plus pour se faire voir, mais pour écouter, pour découvrir, par curiosité.

Quelle est ta volonté pour l’avenir, en termes de programmation, évènements spéciaux, etc ?

On a lancé le Petit Social, un club dans le club, plus intime, qu’on ouvre le mardi et le mercredi. Pour la programmation, Manu Barron (mon associé et directeur artistique) joue sur un subtil équilibre entre headliners, découvertes et jeunes collectifs artistiques. Entre la réouverture en octobre et la fin de l’année, on aura reçu Justice, Die Antwoord, DJ Mehdi, Pedro Winter, Laurent Garnier, Basement Jaxx, Fatboy Slim, Birdy Nam Nam, Tiga, Brodinski …

Depuis que tu es à la tête du Social, de quoi es-tu le plus fier ?

D’avoir été les premiers à accueillir à Paris The XX, Crystal Castles, Die Antwoord, The Bloody Beetroots, The Bewitched Hands…

Quelle serait ton line-up idéal ?

Evidemment voir des artistes qui ne sont pas encore venus… Et en imaginant qu’on peut pousser un peu les murs… Une soirée WARP avec Brian Eno, Squarepusher et Grizzly Bear ? Le dernier « dernier concert » de LCD Soundsystem avec le nouveau live de Discodeine ? Et, pour la dernière du Social Club, les lives d’Aphex Twin et Mr Oizo. De toutes façons, ils ne viendront pas avant !

Peux-tu nous raconter une belle anecdote qui s’est passée au Social Club ?

Un soir, on a mis dehors un grapheur qui venait de tagger le fumoir. Il est revenu pour s’excuser la semaine suivante et on a décidé de l’engager pour son travail de typographie. C’est comme ça que sont nées les citations de chansons culte dans les toilettes du club.

Qu’as-tu pensé des Etats Généraux de la nuit ? Une idée, un débat sans suite ou mieux que cela?

Je n’avais pas signé la pétition sur la nuit qui meurt à Paris. Je trouve que ça ne fait que rajouter au pessimisme typiquement parisien. Les Etats Généraux sont une initiative positive, ne serait-ce que par le soutien politique apporté par Bertrand Delanoë à la nuit. Ceux qui critiquent la place de Paris doivent vivre sur le mythe des Années folles…

Toi qui voyages beaucoup, quelle est la ville ou la fête est la plus réussie ? Pourquoi ?

La fête s’est beaucoup internationalisée, mais elle s’est sans doute un peu uniformisée dans le même temps. Les modes se sont accélérées et des phénomènes se créent et disparaissent très vite. On vient de faire une tournée avec notre label Abracada qui est passée par New York, Londres, Bruxelles, Amsterdam et Paris. C’était impensable il y a encore quelques années pour un label que nous avons créé il y a seulement six mois…

Que manque-t-il à Paris pour vibrer ?

Paris compte de nombreuses institutions de la nuit. C’est une ville où les lieux sont beaucoup plus stables qu’ailleurs. Castel existe depuis le début des années 60, Chez Régine et le Rex Club depuis les années 70, le Queen depuis 1992… Mais Paris manque de lieux et c’est une ville où il est très difficile d’en créer. Dans les années 2000, il n’y a eu que le Baron, le Showcase ou le Social Club qui sont de véritables créations. Je crois que la Mairie devrait profiter de son patrimoine exceptionnel pour ouvrir certains lieux à un nouveau public.

Quels sont tes projets perso, en dehors du Social Club ?

Je travaille sur l’ouverture d’un nouveau club en milieu d’année prochaine avec une salle de concerts, un petit cinéma, une galerie… C’est une belle aventure, avec un designer hors du commun… Et puis, l’actualité est riche sur notre label Savoir Faire avec l’album de Bewitched Hands (sorti le mois dernier), et ceux en préparation pour 2011 de Yuksek, Birdy Nam Nam, The Aikiu, Brodinski et Renaissance Man.

Propos recueillis par Florence Valencourt

Les dates à venir : Vendredi 3 décembre – Chromatics live, Tim Goldsworthy, Le Corps Mince de Françoise Jeudi 9 décembre – Fatboy Slim, Azari & III Vendredi 17 décembre– Radioclit, Caribou, Feadz, Boy 8 Bit, Gentlemen Drivers

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