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06.12.2013 #média

Bertrand Burgalat

L’homme à la chemise de cuir

Moi je n’ai aucun problème ni de bon ou de mauvais goût

Le duo Ben & Bertie revient le 31 décembre sur Paris Première, avec le 3ème opus de leur show décalé mixant musique et sketchs humoristiques. Pour l’occasion, ils incarnent une fashion brigade du futur luttant contre la mal sape, le tout sur fond de meurtre mystérieux. Humour et légèreté qui permettent de caricaturer gentiment les absurdités de notre époque, et d’un milieu de la mode parfois pétri de contradictions.  Rencontre avec Bertrand Burgalat qui nous dit tout (ou presque) sur « L’Homme à la  chemise de cuir ».

Après “L’année bisexuelle” (le Nouvel An de la crise) et “Ceux de port Alpha” (une marée noire de CDs), que nous avez-vous réservé dans “L’homme à la chemise de cuir”, le 3ème opus du Ben & Bertie Show ?

On est dans le futur, en 2028. Benoit et moi sommes deux policiers de la brigade du bon goût. On intervient sur ce qu’on estime être des fautes de goût, et c’est tout à fait arbitraire et très relatif, parce que nous sommes nous-mêmes habillés d’un goût très douteux. Il y a un couturier qui est assassiné parce qu’il a eu un choc esthétique à la vue d’un homme avec une chemise de cuir donc c’est un film policier. L’idée à chaque fois c’est de mettre en valeur la musique et de parler de notre époque de façon un peu indirecte.

La chemises de cuir: ultime fashion faux pas ?

Moi je n’ai aucun problème ni de bon ou de mauvais goût. J’en ai porté pour les besoins de l’émission, mais il vaut mieux mettre un tricot de corps quand même, parce qu’autrement je ne sais pas trop comment ça se passe au pressing.

Comment vous êtes-vous rencontrés avec Benoit Forgeard (le duo de BB, ndlr)? Comment avez-vous eu l’idée de créer le Ben & Bertie Show?

J’ai rencontré Benoit Forgeard il y a un peu plus d’un an par Blandine Rinkel et Pierre Jouan, deux jeunes très brillants qui faisaient une émission de radio, le Karl Poppers Show pour Radio Sciences Po. Ils m’avaient invité, ainsi que Benoit et on a sympathisé. Ca faisait un moment que j’avais des velléités de faire des émissions autour de la musique à la télévision, et là je venais de proposer à Paris Première de faire un show de Réveillon. Ils m’ont dit pourquoi pas donc j’ai tout de suite proposé à Benoit. C’est lui qui a apporté cette forme de fiction dont je n’aurais jamais eu l’idée !

Niveau musique, qu’est-ce qui prend grâce à vos yeux au moment de la sélection ?

On essaie de proposer quelque chose de différent. On cherche des artistes qui font des choses qui nous plaisent, des choses les plus diverses possible dans les styles, qu’on ne voit pas souvent à la télé. Ce qui nous intéresse aussi mais ce n’est pas le plus facile, c’est d’avoir des gens qu’on a déjà vu mais qu’on découvre autrement. On essaie de faire l’émission qu’on voudrait regarder à la télévision. Volontairement, on n’annonce pas les artistes parce que l’on considère le fait de ne pas les annoncer comme un moyen d’accroitre la curiosité. On explique bien à la fin qui fait quoi mais on ne le fait pas avant parce que sinon les gens disent « y a un tel », « c’est du reggae je m’en fiche ».  On voudrait que l’on continue à regarder l’émission quelque soit les artistes.

Selon vous, qu’est-ce qui fait que votre collaboration avec PP se pérennise ?

Je pense qu’on a beaucoup de chance parce que je les ai trouvé très vifs tout de suite, enthousiastes et bienveillants. Je suis très surpris parce que j’ai l’impression qu’à chaque fois qu’on me propose un projet c’est très compliqué. Pour moi, une émission comme ça, j’ai tendance à dire que c’est une émission de service public idéalisée c’est-à-dire que c’est une émission qui est aurait dû se faire presque pour des chaines de service public, sur France 5 ou sur Arte. Je pense qu’il y a des gens très bien dans ces chaines là mais des modes de fonctionnement qui font qu’aujourd’hui on serait en train de tourner le pilote. En plus, on n’avait jamais fait ça donc ils nous ont fait une confiance assez extraordinaire puisqu’ils nous ont laissé le produire. C’est important parce que ça nous permet de faire les choses de façon instinctive. Voilà, je pense qu’il y a une grande confiance mais c’est étonnant parce qu’on fait une émission de service public avec les moyens du secteur privé qui ne sont pas les mêmes, qui sont plus réduits, mais c’est aussi ce qui nous donne une certaine liberté.

Vous avez tous l’air super copains chez PP. Diriez-vous qu’il y a une famille Paris Première ?

Franchement je ne m’en rends pas compte. Tout ce que je peux dire c’est qu’on a des relations vraiment extrêmement amicales, et j’insiste sur le mot bienveillant parce que ce qu’on fait n’est pas facile, c’est un peu hors-normes. Cette confiance, pour nous, c’est agréable et ça nous donne envie de leur donner envie de nous faire confiance. Je suis persuadé que ce qu’on fait pourrait être plus grand public que ce qu’on peut imaginer. Après, il faudrait que nous aussi on change certaines choses mais en tout cas ça nous donne envie de leur donner raison.

Qui mettriez-vous au premier rang d’un défilé imaginé par Ben & Bertie ?

Moi je suis contre toute hiérarchie. Une des choses que je trouve désolante dans certains défilés de mode c’est cette hiérarchie 1er rang, 2ème rang,… je suis contre les classes dans les trains ou les avions, ou le carré VIP dans les boites de nuit. Je trouve que c’est assez horrible donc si je faisais un défilé la règle serait le premier arrivé le premier servi. Ma femme (Vanessa Seward) a fait des défilés de mode et continue d’en faire. Quand elle créait pour Azzaro, et maintenant pour Jean Touitou (APC),  ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas du tout le côté, tout à coup on va être obséquieux avec quelqu’un et considérer les autres comme des manants. C’est important dans la vie, ce n’est pas élégant. Pour un milieu qui se pique d’élégance, je trouve cette hiérarchie assez inélégante.

Propos recueillis par Ines Fressynet

Le Ben & Bertie Show, L’Homme à la chemise de cuir. Avec Bertrand Burgalat et Benoit Forgeard. Le 31 décembre à 22h45 sur Paris Première.

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