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06.02.2012 #art

Joseph Ghosn

Joseph Ghosn est un homme de presse, qui manie l’art et la manière. Il aime  aussi la musique indé et la BD. Quelques jours seulement après avoir rejoint la rédaction du Nouvel Obs, on le  retrouve à la galerie 12mail pour le vernissage de son exposition « Visages », sorte de BD-thèque idéale d’un homme à caractère informatif.

Comment un parrain de la presse online se retrouve-t-il curator d’une expo de BD?

Avant de faire de la presse online, je travaillais aux Inrocks, et y ai souvent écrit pour la bande dessinée. J’ai donc collaboré avec  beaucoup d’artistes, dans la BD comme dans le dessin.
J’ai toujours lu des bandes dessinées, ce qui a beaucoup forgé ma  manière de regarder le monde et la langue (je ne suis pas né en  France). Je n’ai jamais arrêté d’en lire, en faisant évoluer mes goûts  au fil des années.
J’ai été invité par la galerie à réfléchir à une exposition, au départ  une idée assez vague autour d’un sujet sur la BD. Je n’étais pas trop  pour exposer des planches de BD, qui pour moi doivent être lues dans  un livre plutôt qu’être mises sur un mur. Dans le travail du  dessinateur, j’aime particulièrement l’étude des visages, les  expressions, les yeux… J’ai du coup trouvé ça marrant que les gens  se sentent regardés par ce qu’ils viennent voir, en choisissant  d’exposer des portraits.
Certains des artistes ont prêté des oeuvres qu’ils avaient déjà,  d’autres ont créé spécialement pour l’expo. C’est un vrai mélange de  dessinateurs, des jeunes des vieux, connus ou non, des Français, des  Américains… Finalement, ça ressemble  aux livres qu’il y aurait  dans ma bibliothèque, avec cette idée de musée idéal. Les dessins que  j’aimerais avoir chez moi, en somme.

Si je comprends bien, vous en avez plusieurs, des visages…

Pour moi, tout participe toujours au même truc. Que je travaille pour un journal, une expo, de la musique etc. C’est toujours la même  question « d’editing », arriver à créer quelque chose à partir  d’éléments disparates. Des bouts de choses mises ensemble qui  fabriquent une nouvelle chose.
Au final, je dirais que j’ai deux visages : celui d’éditeur et celui de journaliste.

Et votre vrai visage, passé minuit ?

(rires). Aucun :  je dors ! J’ai des enfants !

Après la mode, l’art : nouveau refuge des branchés… Vous qui  connaissez bien les deux, comment vous l’expliquez ?

Je ne sais pas si c’est un nouveau refuge. J’aime les connexions entre  les choses. Le fait que la musique se retrouve dans la mode, par  exemple : du coup quand j’écrivais sur les défilés, j’aimais utiliser  comme entrée la bande son. Je pense que c’est pareil avec l’art. Les  choses se croisent et interagissent. Tout est une question d’hyper-lien. C’est un flux permanent. Finalement, plus qu’un refuge, ce sont  des manières d’avancer, en ne sachant pas d’où on est parti et où l’on  va.

Vous croyez que les gens qui sont là viennent pour voir l’expo ou  par mondanité ?

Ils viennent boire une coupe, voir les oeuvres, et aussi parce qu’ils sont attirés par un ensemble. L’important est qu’ils viennent pour au moins deux de ces trois choses. Les vernissages sont des pièges avec  plein d’appâts, et c’est tant mieux !

Si Conde Nast était une coupe de champagne, Le Nouvel Obs serait …

(rires) Je viens à peine d’arriver. Mais je dirais… Un champagne  millésimé !

Un événement à ne pas manquer en février?

Deux concerts aux Instants Chavirés de Montreuil : Bill Kouligas, un  drôle de grec vivant à Berlin qui a créé son label PAM, de la musique  post-psychédélique, très électro, très planante. Ses pochettes sont  dingues !
L’autre mec « double casquette » que j’adore s’appelle Keith Fullerton  Witman, qui produit une musique électronique très inspirée et très  inventive d’une part, et qui est un des plus grands mail order de  disques et d’objets de musiques expérimentales (Mimaroglu).
J’aime le fait que ces gars aient des doubles vies. Le fait de les  voir sur scène et de se dire : « Tiens, il fait aussi les plus belles  pochettes de disques que j’aie jamais vues ! ».

Propos recueillis par Benjamin Belin / Photo : Virgile Guinard.
« Visages » à la galerie 12mail. 12, rue du Mail. Paris 02.
http://www.12mail.fr/
http://josephghosn.wordpress.com/

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