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27.05.2015 #art

Mathias Kiss

Les arts décoratifs dans la peau

J’aime habiter et diluer l’art dans le quotidien

Vous connaissez sûrement son travail, mais pas forcément son visage. Le miroir froissé, le «Golden Snake» et ses installations sur les codes passés et futurs de l’habitat… C’est à Mathias Kiss qu’on les doit. Cet artiste hybride s’applique depuis trois décennies à combiner artisanat et art décoratif dans des installations uniques. Le 30 mai prochain, la Galerie Next Level l’exposera. L’occasion pour Saywho de lui en demander un peu plus sur son parcours, ses inspirations et son réseau. Présentation.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours en quelques dates?

J’ai commencé par un apprentissage de peintre vitrier à 14 ans. Puis, j’ai travaillé chez les Compagnons, dans la restauration de monuments historiques, notamment la Comédie Française, l’Opéra Garnier, le Louvre… Grâce à ça, j’ai aussi beaucoup voyagé. Et j’en suis parti après une quinzaine d’années avec ce background pour en faire autre chose, l’emmener ailleurs.

D’où vient votre attrait pour l’art décoratif?

Ce n’est pas un attrait, c’est même presque une cicatrice. Je me suis fait renvoyer de l’école à 14 ans, seul l’apprentissage m’a accepté, à l’époque plus en voie de garage… J’ai grandi dedans, c’est devenu ma matière et un sujet de réflexion.

Qui sont les artistes qui vous inspirent?

Felice Varini a été une révélation pour moi qui vient de la peinture murale. J’aime habiter et diluer l’art dans le quotidien.

Parmi les personnalités qui vous ont confié leurs intérieurs, laquelle vous a le plus marqué? Une anecdote à raconter?

Nicolas Godin, du groupe Air, qui est devenu un frère intime et artistique. Il m’a apporté une culture contemporaine technique et musicale. Moi, je lui ai apporté ma culture ensemblière et mon classicisme avec lequel je me débats. Nous échangeons beaucoup au quotidien et à travers nos métiers.

Diriez-vous que la mondanité a un rôle à jouer dans votre milieu?

Tout joue, un voisin, un copain puis naturellement qui se ressemble s’assemble. Je fréquente de grands sensibles caractériels à fleur de peau, cela me fait me sentir normal.

Êtes-vous un homme de réseau? De qui se constitue votre garde rapprochée?

Plus que de réseau, c’est une famille professionnelle qui m’entoure : le musicien Nicolas Godin, l’artiste Emmanuel Bossuet, le photographe Alexandre Guirkinger, les directeurs artistiques Christophe Renard et David Herman font partie du quotidien.

Surveillez-vous votre réputation ?

Question piège ! Non, je suis assez «circuit fermé», je sors peu en dehors de mes QG et fréquente les mêmes potes depuis toujours. Seuls les gens qui ne font rien ont du temps pour parler de personnes qu’ils ne connaissent pas !

Aimez-vous vous sentir identifiable partout où vous allez? Ou bien changez-vous fréquemment de signes ostensibles?

Je fais tout pour que cette question ne soit pas posée et que mon « look » ne soit pas le sujet. J’ai les mêmes frocs depuis 20 ans, je suis habillé pareil depuis toujours et je déteste le changement.

Quelles cartes portez-vous toujours sur vous?

Celle de ma boite pour payer, pas de « cartes de visite ».

Le terme de «diffuseur d’ambiance culturelle» vous fait-il sourire?

Ça ne me fait pas forcement sourire et si je souris ce n’est pas ironique mais plus pour la musicalité de la phrase sans parfois aussi en comprendre le sens. C’est bien que des mecs fassent de la création et que d’autres écrivent de jolis mots. C’est complémentaire, même si parfois, derrière de jolis mots, il n’y a rien …

Pensez-vous votre communauté d’ambiance culturelle menacée ?

Pour le coup, je ne me sens pas du tout menacé, ni mes potes. Ce sont des assoiffés de travail, de création et de culture! Donc « l’ambiance est bonne ». On a la vie qu’on se fait.

Quelques mots sur votre exposition à la galerie NextLevel…

Ça fait cinq ans que je travaille sur l’angle droit et la dorure. Cette exposition à la galerie Next Level est un peu un manifeste de ces cinq années de travail avec des  nouvelles pièces, dont certaines plus conceptuelles et dénuées de fonctionnalisme. Le vernissage est le 30 mai prochain.

Propos recueillis par Sabina Socol / Photos : Chantapitch WiwatchaikamolExposition « Ornementation brutaliste » de Mathias Kiss / NextLevel Galerie_ 8, rue Charlot, Paris III

www.mathiaskiss.com

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