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23.11.2015 #design

Victoria Wilmotte

Une histoire de design

Si on s’intéresse à la matière, à l’objet, on est obligé de s’intéresser au matériau non transformé et aux techniques

À seulement 30 ans, Victoria Wilmotte n’a pas à rougir de son parcours. Cette designer passionnée d’esthétique industrielle a fait ses armes chez Camondo et au Royal College of Arts de Londres, et a ouvert en septembre dernier un espace unique au 30 Quai des Célestins baptisé la VW Factory. Le temps d’une visite, elle nous en dit un peu plus sur son parcours et sa vision du réseau. Rencontre.

Racontez-nous votre parcours en quelques dates.

Je suis partie au Royal College de Londres en 2006 pour faire un Master en «design produit» après avoir fait Camondo pendant trois ans. En rentrant à Paris, j’ai monté tout de suite mon studio. L’ouverture de la VW Factory en septembre dernier est également une date clé pour moi. C’est un endroit qui regroupe ce que j’ai fait pendant des années et qui est à l’esthétique de mon travail. Ce n’est pas seulement un studio, c’est aussi un lieu de rencontre et de partage. Il n’y a pas vraiment de mot pour qualifier cet endroit, qui est à la fois un studio, un atelier…

Quelles sont les rencontres dont vous diriez qu’elles ont modifié son cours ?

Les tuteurs qui m’encadraient à Londres, qui sont des acteurs du design et qui ont forgé mes goûts pour l’esthétique industrielle, dont Ron Arad, que j’avais en directeur d’études, mais aussi Michael Mariott et Luke Pearson. J’avais aussi un «visiting tutor» qui s’appelait Kenneth Grange, l’équivalent du Roger Tallon français.

Le design, une affaire de famille…?

La question obligée ! On va dire oui. On le sait. Je pense que c’est comme tout enfant qui reçoit une éducation, ça prend ou pas. Quand on est habitué à voir certaines choses et à faire certaines choses ça devient ancré dans notre personnalité.

Pourquoi cet attrait particulier pour la matière, le design industriel ? Comment définiriez-vous le fil rouge de votre travail ?

Le fil rouge, c’est ça justement. Finalement, l’industrie est la base de tout. Un sculpteur peut aussi être un industriel, quelque part. Par exemple, tous les procédés qu’utilise Jeff Koons sont aussi techniques que ceux d’un designer… Si on s’intéresse à la matière, à l’objet, on est obligé de s’intéresser au matériau non transformé et aux techniques. J’ai du mal à comprendre que ce ne soit pas un intérêt plus commun.

Votre exposition dans la maison de vente Pierre Bergé a-t-elle été un élément déclencheur pour vous ?

J’ai rencontré Frédéric Chambre, qui était alors directeur de la maison de vente Pierre Bergé et Associés à Bruxelles. Ils avaient un espace d’exposition consacré principalement à des artistes et des designers. Il m’a tout simplement appelée pour faire une expo là bas. C’était ma première expo en sortie d’école. C’est aussi à travers cette exposition que j’ai développé mon intérêt pour le marbre et la pierre. C’est lui qui m’avait demandé de faire ça. Donc c’est également une date assez clé dans ma carrière.

Pourquoi avoir installé votre studio à Paris plutôt qu’à Londres à la sortie du Royal College of Art ? Paris est-elle un vivier d’inspirations ?

Non, au contraire, c’était vraiment des questions pratiques plus qu’autre chose. C’était plus facile, et Londres n’est pas très loin, je savais que j’y retournerai, même si je n’avais pas spécialement envie d’y rester. J’aime beaucoup cette ville, c’est sûr que les premiers mois je me suis posé des questions. Mais il n’y avait pas de raison spéciale d’y rester.

Dans quelle mesure diriez-vous que le réseau est important dans votre métier de designer ?

Le réseau est important. On peut en avoir, et ne pas savoir l’utiliser. Ça dépend, il y a plein de réseaux, on parlait de matière de fabricants, c’est essentiel dans nos métiers de savoir communiquer avec ces gens là, avec la personne qui va faire en sorte que le projet existe. Aujourd’hui, je pense que presque tout passe par le réseau. Mais ce n’est pas la seule clé de la réussite: il faut aussi de la persévérance.

Vos actualités à venir ?

Je ne peux pas tout dévoiler, mais j’ai notamment un projet de réaménagement d’un restaurant dans le 10e. C’est ce que j’aimerais montrer davantage, le travail dans l’espace. J’ai également un projet avec l’éditeur ClassiCon qui sortira fin janvier.

 

Propos recueillis par Sabina Socol.

www.victoriawilmotte.fr

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