20.09.2025 Thaddaeus Ropac Milano, Milan #art

Thaddaeus Ropac fait dialoguer l’oeuvre de Georg Baselitz et Lucio Fontana dans sa nouvelle résidence italienne

Thaddaeus Ropac Milano, Milan

À Milan, Thaddaeus Ropac n’a pas manqué de choisir un endroit exceptionnel pour mettre en oeuvre son dernier projet. Le galeriste autrichien a transformé le Palazzo Belgioioso, un joyau architectural du XVIIIe siècle conçu par Giuseppe Piermarini, en sa nouvelle résidence italienne. Menée par Elena Bonanno di Linguaglossa, l’inauguration de la galerie s’est déroulée sur trois jours, avec vernissages privés, cocktails et dîners exclusifs au Museo Poldi Pezzoli, transformé pour l’occasion en une scène pour l’élite culturelle milanaise. Parmi les invités de marque se trouvaient Roberto Bolle, Gilberto Zorio, Richard Deacon, Grazia Toderi, Sylvie Fleury, Yan Pei Ming, Francesco Vezzoli, Barnaba Fornasetti, Stefano Boeri, Ilaria Tronchetti Provera, Pierre Yovanovitch, Fabrice Hergott, Imran Qureshi, Patrizia Sandretto Re Baudengo, Martina Mondadori, Bernard Blistène, Luca Massimo Barbero, Maria Theresa von Thurn und Taxis, Aimone et Olga di Savoia-Aosta et Carla Sozzani.

L’exposition inaugurale, « L’aurora viene », est une vitrine remarquable qui présente un dialogue inattendu mais captivant entre Georg Baselitz et Lucio Fontana. Les deux peintres ne se sont jamais rencontrés, pourtant le maître italo-argentin a profondément influencé l’artiste allemand, qui possède encore un studio en Italie. Dans la galerie, les bronzes monumentaux et les peintures récentes — véritables figures suspendues aux couleurs sombres, comme des apparitions émergeant de l’ombre — côtoient une sélection d’œuvres de Fontana des années 1930 aux années 1960, généreusement prêtées par la Fondation. Parmi eux, un Fine di Dio en rose vif se démarque comme le sommet de la recherche de Fontana.

Les deux artistes sont reliés par un fil conducteur qui circule à travers leurs arts respectifs : les coupures de Fontana ouvrent la toile à de nouvelles dimensions, résonnant avec les œuvres assombries de Baselitz. Chez l’un comme chez l’autre, on retrouve une même destruction, et un même espoir. Fontana ouvrait une nouvelle dimension au Space Age, tandis que Baselitz renverse les corps et les conventions pour se libérer du poids de la matière. Le reste est un jeu d’échos et de références : des titres ludiques, des mots prolongeant l’œuvre, un usage de l’ironie qui allège des gestes autrement radicaux. « Faire dialoguer Baselitz et Fontana à Milan est un rêve devenu réalité », explique Thaddaeus Ropac, « parce que c’est ici que Fontana a écrit des pages décisives dans l’histoire de l’art, et que Baselitz a trouvé un interlocuteur imaginaire qui l’accompagne depuis des décennies. » Il s’agit moins d’une affinité formelle que d’une énergie partagée : un art qui ne représente pas mais évoque, qui ne décrit pas mais annonce. 

Et la prochaine étape est déjà annoncée : à partir du 21 novembre, le Palazzo Belgioioso accueillera une double exposition personnelle avec VALIE EXPORT et Ketty La Rocca, deux figures clés de l’expérimentation visuelle et linguistique autour du corps, du féminisme et de la radicalité. Un signal clair de la direction que le nouvel espace a l’intention de suivre.

Texte : Germano D’Acquisto
Photos : Ludovica Arcero
Vues d’installation : Roberto Marossi. Courtesy Thaddaeus Ropac gallery, London · Paris · Salzburg · Milan · Seoul.

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