19.12.2025 Paris #lifestyle

Matthias Dandois

Trajectoire d’un virtuose

« Je ne peux pas m’empêcher d’envisager l’architecture sans penser à la façon dont je pourrais la rider »

C’est l’un des athlètes les plus titrés du sport français. Virtuose des cabrioles en BMX, Matthias Dandois s’est peu à peu transformé en créateur de contenu. Avec son épouse, la mannequin Constance Jablonski, ils constituent l’un des duos les plus en vue de la scène artistique parisienne. Rare en interview, il nous a raconté son histoire.

Quelle a été l’étincelle qui vous a fait embrasser cette drôle de discipline ?

Matthias Dandois : 

Le dépit ! J’ai grandi en banlieue parisienne, en pratiquant beaucoup de sport en général, et le foot en particulier. Mais je n’avais ni le talent, ni le bon coach. Au même moment, MTV a débarqué en France, avec des émissions de TV comme JackAss où des types un peu allumés relevaient des défis assez proches de la cascade. Il y avait du BMX et j’étais fasciné par ce qu’ils arrivaient à faire avec ce petit vélo. Concomitamment, une autre émission de télé française avait interviewé un champion français de BMX. J’étais fasciné par sa virtuosité, la culture street, les voyages. Je me suis mis à ne penser qu’à ça et à Noël mes parents m’ont offert mon premier vélo.

Beaucoup d’enfants reçoivent des vélos à Noël mais peu en font leur métier !

Matthias Dandois : 

La chance a voulu qu’un des seuls profs de BMX en France soit installé à 10 min de chez moi. Sans doute un signe. Je me suis beaucoup entraîné, comme un acharné et j’adorais cela. J’avais le sentiment d’avoir un talent et j’ai voulu me mesurer à d’autres en participant à une première compétition, que j’ai remportée. J’ai été grisé par cette victoire. Je lévitais : le podium, la musique, la foule, les sponsors, le look des participants, tout me plaisait. C’était il y a 20 ans. J’avais 14 ans. Le net faisait la part belle à de petits forums où l’on postait les photos de nos exploits. Cette culture, alternative, était tout pour moi.

Ce qui n’a pas dû arranger vos études ?

Matthias Dandois : 

Paradoxalement si ! J’avais une très bonne mémoire visuelle, je travaillais vite et bien pour me dégager du temps pour le vélo. Mes parents me faisaient confiance. Je pouvais rouler tant que je voulais tant que les notes suivaient. Ils ont même fini par m’installer un petit espace dans le jardin pour que je puisse m’entrainer à la maison. J’ai progressé en amateur, et fini par rafler tous les titres.

Comment passe-t-on des compétitions d’amateurs au championnat du monde ?

Matthias Dandois : 

En 2006, j’avais gagné suffisamment de compétitions pour sauter le pas. Je m’étais fait un peu remarquer et une marque de sportswear m’a fait un premier petit contrat qui m’a permis de participer à la dernière étape du championnat du monde à la Nouvelle Orléans en 2007. J’ai déjoué tous les pronostics en gagnant devant tous les pros. J’ai décroché mon bac au même moment et décidé que je consacrerai tout au BMX.

Et tout va s’enchainer ?

Matthias Dandois : 

Oui, à partir de ce moment-là, Red Bull va prendre en charge mes déplacements. D’autres marques me voyant, qu’il s’agisse d’Orange, Casio ou Van’s vont me sponsoriser. A raison, car c’est le moment où je vais tout gagner. C’était fou. Entre 2009 et 2014, je voyage en permanence et je remporte tous les titres. En parallèle, je m’intéresse à la photo que les réseaux encore balbutiants, Instagram en tête, vont diffuser. Je deviens donc aussi influenceur. Ce que je suis encore aujourd’hui.

 

Qu’est il advenu de la photo ?

Matthias Dandois : 

Je la pratique toujours. Surtout à l’argentique. L’exigence que cela implique me plait. Le temps du tirage, son coût me force à me concentrer. A chaque fois que je presse le déclencheur, j’ai un pincement. J’ai fait une petite expo en 2018 et j’ai un compte insta Taxe Carbone sur lequel je publie mon travail. Certes il y a quelques de photos de ma femme, mais pas que !

Une passion artistique qui en croise une autre ai-je entendu ?

Matthias Dandois : 

Oui l’architecture ! En voyageant, j’ai développé une addiction au brutalisme. Au sommet duquel, je place celui de Tadao Ando, qui me laisse sans voix. Notamment au Japon, où le Benasse Hotel qu’il a conçu jouxte un musée que l’on peut visiter de nuit. Ce voyage m’a bouleversé. Désormais, je ne rate jamais une occasion d’aller au musée. Pendant les Jeux Olympiques de Paris d’ailleurs, j’avais un libre accès à celui d’Orsay. Je vous avoue que le principe de rider dans un musée est sans doute ce qui me plait le plus aujourd’hui.

Propos recueillis par Nicolas Salomon

Photos : Jean Picon

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