Sylvain Rousseau
Un autre regard sur le trompe-l’œil
Je m’intéresse plus au questionnement sur la manière dont on regarde les choses
Sylvain Rousseau souhaite que l’on regarde les choses différemment. C’est peut-être pour cela que ses trompe-l’oeil l’ont fait connaître, et surtout attiré les galeries les plus influentes, comme Triple V, pour laquelle il travaille actuellement sur une exposition «solo» qui aura lieu dans un an. Rencontre.
Racontez-nous votre parcours.
J’ai étudié aux Beaux Arts à Nantes. J’y ai assisté beaucoup d’artistes sur leurs montages d’expositions et fait des rencontres incroyables. J’ai fait ma dernière année aux Beaux-Arts à Cergy car je voulais venir à Paris. Quand j’ai terminé, ils m’ont engagé pour que je m’occupe de leur galerie qui se trouvait rue Moret dans le 11ème, La Vitrine. En parallèle, Stefan Nikolaev, Eric Tabuchi et Julien Fronsacq m’ont confié les clés de Glassbox qui se trouvait 200 mètres plus loin, rue Oberkampf. Aujourd’hui, Glassbox se trouve rue Moret et à la place de la Vitrine, il y a Treize un endroit plein d’énergie, qui programme et produit des expos, des concerts, des projections et des rencontres.
Une rencontre marquante dans votre parcours artistique ?
La liste est longue ! Je peux citer Jessica Stockholder, Tatiana Trouvé, Goshka Macuga …. Même si globalement, découvrir le travail d’un autre artiste est toujours marquant.
Vous êtes représenté par la Galerie Triple V à Paris. Quelle a été la genèse de votre collaboration avec la Galerie et notamment Vincent Pécoil ?
A ma sortie des Beaux-Arts, la première galerie qui s’est intéressée à moi fut LHK. C’est après sa fermeture, quelques années plus tard, que Vincent Pécoil m’a proposé de travailler avec lui, alors qu’il avait une galerie à Dijon et présentait des artistes qui m’intéressaient. Il m’a semblé pertinent de commencer une histoire dans une galerie naissante. Le fait que ce soit Vincent – que je connaissais surtout de par ses écrits – qui me fasse cette proposition a été d’autant plus réjouissant.
Vous vous êtes notamment fait remarquer pour votre façon de mettre les objets en aplat. D’où vous vient cet attrait pour les trompe-l’oeil?
Ce sont mes premiers travaux (notamment une pièce que j’avais montrée lors d’une exposition de Claire Staebler à la fondation Ricard) qui ont amené le public à découvrir un peu plus mon travail. Je m’intéresse plus au questionnement sur la manière dont on regarde les choses en général qu’au trompe-l’oeil. Un peu comme dans « F for Fake » d’Orson Welles, dans lequel on ne sait pas à quel moment on nous ment, mais que le simple fait de savoir que l’on nous ment nous fait faire plus attention aux détails. Que se soit les objets plats, les vitres colorées ou encore les objets détournés, tous sont des petits mensonges pour une appréhension différente du regard.
Parlez-nous de votre expérience à Glassbox, cet espace d’art et d’expositions tenu par un collectif d’artistes bénévoles et indépendants. Vous semblez attiré par la collégialité, dans le travail. En est-il de même pour votre vie privée ?
Mon expérience à Glassbox a été géniale. J’y suis resté quatre ans durant lesquels j’ai fait du bénévolat. J’y ai monté des expositions et rencontré des personnes qui ont manifesté un réel engouement pour ce lieu. Glassbox a compté pour toute une génération, les gens s’y retrouvaient naturellement, c’était un rendez-vous régulier. J’ai toujours aimé m’entourer d’autres « créateurs », qu’il s’agisse de musiciens comme François-Eudes Chanfrault ou Julien Perez (récemment), ou de personnes avec qui je travaille depuis toujours, comme Yann Rondeau. Cela se fait au fil des rencontres avec les projets qui avancent.
Justement, dans quelle mesure les artistes s’entourent-ils artistes ?
Bien sûr, les artistes s’entourent d’artistes, c’est normal. Mais pas seulement : mes amis sont aussi écrivains, musiciens, graphistes, cuisiniers, encadreurs, architectes, designers, barmaids, paysagistes, pêcheurs, galeristes etc… Ce n’est pas par peur de la consanguinité, c’est par goût des choses simples, le contraire me semblerait difficile à vivre. Je ne connais pas un artiste qui a uniquement comme amis des artistes.
Comment vous situez-vous dans le paysage des jeunes artistes contemporains français ?
Plutôt à l’horizon.
Vos projets pour 2016 ?
Je vais surtout passer du temps à l’atelier, car j’ai des peintures, des sculptures et un projet de film en court. Je participe à quelques expositions collectives ainsi qu’à des workshops. Mais je vais essentiellement travailler sur l’exposition solo qui aura lieu dans un an dans le nouvel espace de la galerie Triple V. Une grande partie des nouvelles pièces que je vais produire cette année y seront montrées.
Propos recueillis par Sabina Socol.
www.sylvainrousseau.com