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16.01.2012 #lifestyle

Génération Y

Julia Tissier et Myriam Levain, deux journalistes Be, Y et autres lettres de l’alphabet, publient ces jours-ci une enquête passionnante sur la génération des 18-30 ans, celle qui bouge et qui fait bouger les conceptions de la société en mouvement. Rencontre, entre deux écrans.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire ce livre ? Expliquez-moi la genèse de votre projet.

Nous sommes journalistes société au magazine féminin Be et depuis bientôt deux ans, nous nous intéressons aux 18-30 ans, la cible du magazine. Nous avons lu beaucoup de choses sur le sujet et nous trouvions que la description faite des jeunes était la plupart du temps erronée et négative. Nous-mêmes faisons partie de la génération Y et nous voulions, avec ce livre, reprendre la parole et dresser un portrait optimiste de la jeunesse française.

A l’encontre des clichés, quelle serait donc une définition possible de cette génération Y dont vous faites partie ?

La génération Y, ce sont les personnes nées entre 1980 et 1995, qui ont grandi avec le Web et n’ont jamais connu un monde sans Sida ou sans chômage. Nous avons fait des études à rallonge pour ensuite enchaîner les stages, pas ou mal payés, et les CDD. Rien de très réjouissant au premier abord mais finalement, nous avons réussi à faire de la précarité un atout, en développant des façons de la contourner et en nous emparant de cet outil extraordinaire qu’est le Web. Une véritable révolution culturelle est en marche et nous sommes les mieux placés pour nous l’approprier et en faire ressortir du positif.

Parmi les idées reçues que vous déconstruisez, quelle est celle qui vous énerve le plus ?

Peut-être l’idée très répandue selon laquelle nous serions incultes ! Pourtant, nous n’avons jamais autant lu et écrit qu’aujourd’hui. Ce que nos aînés comprennent mal, c’est que la façon d’appréhender et d’assimiler la culture a changé, notamment grâce à internet. Aujourd’hui, nous avons tout à disposition en quelques clics. Notre culture musicale, littéraire et cinématographique n’en est que plus vaste !

Et celle qui a quand même sa part de vérité ?

Probablement notre côté indécis en amour. Certes, nous avons toujours envie de croire à l’amour avec un grand A, mais à la différence de nos aînés, nous savons qu’il ne durera pas nécessairement toute la vie. Du coup nous vivons le moment présent, sans trop nous projeter.

La génération X a parfois l’impression que la génération Y n’a pas le sens de la communauté, du lien, que le digital ne remplacera jamais le contact direct, humain. Que lui répondez-vous ?

Nous sommes entièrement d’accord avec la génération X sur ce point ! Il ne faut pas croire que nous sommes des geeks autistes cachés derrière leurs écrans. Les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter ont révolutionné la communication : nous n’avons jamais autant communiqué avec les autres qu’aujourd’hui car le contact 2.0 mène bien à de véritables rencontres IRL, comme on dit…

Est-ce que vous vous reconnaissez dans une communauté créative comme Say Who? essaie de la mettre en avant ?

N’est pas créatif qui veut, et en ce qui nous concerne, nous sommes avant tout journalistes. Notre travail pour ce livre s’est appuyé sur une enquête de plusieurs mois et sur de nombreux entretiens avec des experts. Toutefois, nous avons essayé d’instiller au maximum notre vécu et notre regard perso, pour sortir du cadre ultra-académique de l’enquête. En adoptant un ton très oral et en employant la première personne du pluriel, nous avons voulu remettre un peu de chair dans tout ça.

Voyez-vous déjà se dessiner les contours d’une génération Z ? En caricaturant, quels en seraient les principaux traits ?

C’est difficile de répondre à cette question car les Z sont encore très jeunes mais nous formulons l’hypothèse selon laquelle ils seront pires que les Y ! Nous sommes les premiers à expérimenter cette révolution technologique qui a bouleversé la société et les premiers aussi à tenter de construire des modèles différents : des nouvelles façons de travailler, d’appréhender la culture et les relations humaines par exemple. Nous espérons que les Z transformeront l’essai et ne feront pas les mêmes erreurs que nous.

Propos recueillis par Florence Valencourt. Crédit photo : Capucine Bailly.
« La Génération Y par elle-même » Edition Bourin – 202 pages, 20€.

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