Loris Greaud
Il ne veut plus qu’on l’appelle « un jeune artiste »… Pourtant, cette étiquette lui colle encore parfois à la peau, car il n’est pas si vieux que ça, à 31 ans!, et qu’il marqua tous les esprits quand on lui offrit l’intégralité du Palais de Tokyo en 2007. Aujourd’hui, Loris Gréaud est aussi producteur, chef d’entreprise, directeur de studio… et présente une installation gigantesque à la Biennale de Venise.
A la Biennale de Venise, tu présentes le Pavillon Geppetto (http://www.thegeppettopavilion.com ) qui est la sculpture d’un cachalot échoué de 17 mètres de long. Comment est né ce projet ?
C’est un projet sur lequel je travaille depuis environ un an et demi. Quand j’ai été invité par la directrice de la Biennale, Bice Curiger, parmi ceux en cours dans le studio, il m’a semblé le plus approprié. Ce n’est pas un « para-pavillon », mais il fonctionne comme un pavillon puisqu’on peut faire l’expérience de rester 24 heures à l’intérieur du ventre de la baleine.
C’est la première fois que tu expérimentes une pièce à vivre aussi longtemps ?
Non, en 2004-2005, j’avais conçu Les Résidents, qui était un appartement sur l’île de la cité, dans lequel les visiteurs de l’exposition Silence goes more quiclky when played backwards, au Plateau, pouvaient signer un contrat et s’engager dans une expérience de maison hantée à vivre entre une nuit et une semaine. Le principe d’accès à l’œuvre est le même ici. Une rumeur circule dans Venise et les visiteurs de la biennale ont dû se frayer un chemin, ennuyer tout le monde, appeler dans tous les sens, pour essayer d’avoir accès au contrat. Cet après-midi, nous avons appris que la baleine était réservée dès demain, jusqu’au 30 novembre…
Ce projet a-t-il un lien avec Venise et son histoire ?
Je ne suis pas certain qu’il y ait des baleines dans la lagune… mais celle-ci, qui a l’air d’être échouée, semblait opportune et activait bien l’espace que l’on me proposait. Le Pavillon Geppetto vient polariser tous les récits et les mythes autour du ventre de la baleine, de Pinocchio, à Jonas, en passant par George Orwell ou le Moby Dick d’Herman Melvill… Tous ces éléments ont donné comme un script pour réaliser l’œuvre.
Tu as aussi une œuvre dans l’exposition The World Belongs to You, organisée au Palazzo Grassi ?
Oui, c’est une pièce inscrite dans le projet Cellar Door, dont le livre va enfin sortir après 6 ans d’expérience. Elle donne ici sur la lagune, surplombée d’un plafond très baroque et entourée de vitres filtrées qui confèrent un coté fantomatique… Qu’elle rejoigne la collection de François Pinault est le mieux que je pouvais souhaiter pour cette œuvre.
Quels sont tes projets à venir ?
Je viens de présenter une importante installation dans le cadre de l’exposition Paris-Delhi-Bombay, « the Bragdon Pavilion »au Centre Pompidou, et montre des nouvelles oeuvre sur les stands des galeries Pace et Yvon Lambert à la prochaine foire de Bâle, l’evenement le plus important reste le panel de discussion lors du lancement de la monographie Cellar Door au coeur d art basel. Je tourne aussi un film depuis plusieurs années sur des poissons abyssaux, concert de hip hop futuriste pour les creatures des abysses. Les activités du studio sont assez dense jusque fin 2013 ou je presenterais ma nouvelle exposition Parisienne, une exposition personnel avec le Louvre et le Centre pompidou qui s associe pour la première fois. je suis à un moment de mon parcourt très agréable où je peux décider de ce que j’accepte ou pas. Cela m’offre le luxe de réaliser des choses, sans but spécifique. Comme pour le projet Cellar Door, il fallait attendre de voir comment la pensée et le travail allaient se déployer sur six ans. Quelle est la promesse esthétique ? Qu’est-ce qu’une œuvre produit? C’est ce qui est important pour moi, et pas uniquement de raisonner en terme d’exposition supplémentaire.
Propos recueillis par Marie Maertens.