Michael Hadida
Dans la lumière depuis son plus jeune âge, illuminé par moments, mais avec un objectif clair dont il ne s’est jamais départi, le fils de Martine et Armand Hadida, les fondateurs de l’Eclaireur, a choisi de mettre en lumière les jeunes créateurs au travers du salon Tranoï d’abord, comme du magazine et du nouveau e-store aujourd’hui. Focus.
Tu as créé Tranoï il y a déjà sept ans… Réflexion faite, quel était l’objectif de départ, où en es-tu aujourd’hui et quelle orientation souhaites-tu donner au salon à l’avenir ?
L’idée de départ était de changer les règles. Soit, être beaucoup plus sélectif, organiser notre événement dans un lieu de prestige, et surtout, pendant les défilés. Je voulais offrir le meilleur tramplin possible aux jeunes créateurs en les mettant au même niveau que les plus confirmés. Le résultat dépasse nos espérances. Aujourd’hui, Tranoï est le salon le plus important, avec 500 créateurs, sur trois lieux. On est imité, et c’est tant mieux. On a donc décidé de s’ouvrir à l’étranger, avec Tranoï Séoul en octobre dernier, New York en février prochain, et Sao Paulo en juin 2011, dans un bâtiment construit par Oscar Niemeyer, car j’entends garder la même exigence partout dans le monde. Pour l’avenir, mon ambition, c’est la diversification.
Pourquoi avoir choisi Paris pour installer Tranoï quand on dit souvent que même la mode a l’air d’être sortie d’un musée et que d’autres parties du monde sont bien plus dynamiques ?
Plus jeune, j’ai passé mon temps à voyager. J’ai vécu à New York, Los Angeles et Florence… Et, même s’il y a des Fashion weeks partout – même en Géorgie ou à Kuala Lumpur- à Paris, cela reste plus fort, ne serait-ce que par le nombre de journalistes et d’acheteurs présents. (2 à 3 fois plus que Londres et New York). Surtout, je suis parisien de naissance et de cœur. Paris est mon terrain de jeu !
Toi qui voyages beaucoup, comment, justement, perçois-tu Paris dans l’univers mode ?
C’est « the place to be », un passage obligé absolu. Pour moi, si on n’a pas commencé à Paris, il faut « terminer » ici, si on peut dire… Plus concrètement, Paris n’est pas facile car, à la différence de Londres ou de New York par exemple, la ville ne joue pas le jeu alors qu’on y trouve la clientèle la plus exigeante qui soit. Du coup, chez Tranoï nous essayons de pallier ces manques en proposant un service maximum et personnalisé : concierge, navettes, fêtes, etc.
Quels sont les créateurs découverts par Tranoï dont tu es le plus fier ?
Question difficile… Je citerais ceux avec lesquels j’ai développé une relation particulière, une amitié, au fil des années : Drome, Faliero Sarti, Isaac Sellam ou encore Linda Farrow.
Quels sont ceux sur lesquels tu paries la saison prochaine ? Un scoop !
Il y en a beaucoup, mais ceux pour lesquels j’ai un coup de cœur en ce moment sont : Circus&co, Sultan, Noir Basic et Melinda Gloss. A suivre, donc !
Avec le magazine et le e-store, la communauté Tranoï s’agrandit nettement. Quel est le sens, la cohérence de tout cela pour toi ? Peux-tu nous expliquer ces nouveaux développements ?
Pour moi, cette diversification est un prolongement logique. J’ai besoin de partager ma passion, à la fois au-delà de la fashion week et au delà de l’univers B2B. A cet égard, la e-boutique n’est pas conçue uniquement pour faire un C.A. maximum, on présente les créateurs en profondeur. Quant au magazine, il est une vitrine artistique importante. Distribué à l’international, il a la particularité de montrer à la fois la saison actuelle et la saison à venir. C’est une grande première. De la même manière, toujours dans cette optique de décloisonnement, depuis la saison dernière, nous présentons au grand public les défilés des créateurs en 3D, le lendemain. La clef de tout ce que je fais c’est simple, c’est la passion et la volonté de la transmettre.
Je crois savoir que tu comptes organiser des rendez-vous réguliers avec les membres de la communauté, hors période de salon. Quelle est l’idée ? Comptes-tu te concentrer à Paris ou essaimer aux quatre coins du globe ?
Tranoï, cela veut dire « entre nous », en italien. Il s’agit donc de faire vivre notre communauté, d’organiser des « happenings » réguliers pour que tout le monde échange et fasse la fête ensemble. On compte commencer par un événement par mois à Paris, puis dans d’autres capitales par la suite. La carte de membres, c’est déjà vu, mais je réfléchis à un système de « miles », peut-être un traveller’s club fashion. J’en dirai plus très bientôt.
Quelle est la meilleure fête fashion pour toi ? Quels sont les ingrédients pour qu’elle soit réussie ?
La meilleure, c’est toujours celle à venir ! La saison dernière, j’ai adoré la fête Grazia à l’Opéra, mais la plus folle de l’année c’est celle qui a eu lieu à Sao Paulo en janvier. Batucada, faune incroyable. Je ne m’en suis toujours pas remis ! Sinon, pour une bonne fête fashion il faut que le lendemain soit férié ! Après, il faut de la bonne humeur, des amis, des looks et une bonne dose d’extravagance.
Quel est le meilleur conseil que ta famille t’a donné ?
Elle m’en a tellement donné ! Mon père m’a dit : « ne fais confiance à personne », ma mère a rajouté: « tant que tu l’aimes… ». Et mon frère a conclu : « on partage ? ». Pas mal, non ?
Quel est celui que tu pourrais donner aujourd’hui à un jeune créateur ?
Bien sûr, cela dépend du créateur et de son potentiel, mais en règle générale, je lui dirais de viser haut et de s’en donner les moyens. Mais, ce qui est primordial avant tout, ce qu’on recherche tous, acheteurs comme journalistes comme clients, c’est quelqu’un d’authentique. La perle rare.
Propos recueillis par Florence Valencourt.
www.tranoi.com