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30.08.2024 #art

Martine Robin & Jérôme Pantalacci 

Interview croisée Art-O-Rama – Paréidolie

Rencontre avec Jérôme Pantalacci, directeur d’Art-o-rama, et Martine Robin, directrice de Paréidolie.


La rentrée de l’art contemporain débute toujours sous le soleil de Marseille, avec le salon Art-o-rama qui célèbre sa 18ème édition, réunissant 60 galeries d’art contemporain et éditeurs des plus prospectifs. Depuis 11 ans, le salon Paréidolie se focalise quant à lui sur le dessin contemporain et rassemble 16 galeries internationales. Conversation croisée avec leur deux directeurs, Jérôme Pantalacci et Martine Robin, dans l’effervescente Friche la Belle de Mai.

« Nous sommes sur un territoire doté de nombre d’artistes, de collectionneurs, aussi de fondations ou de lieux privés »

Est-ce la première année que vos deux salons organisent un programme commun ? 

Martine Robin :

Nous sommes liés depuis longtemps, mais c’est la première fois que nous inaugurons nos salons en même temps. Précédemment, Paréidolie ouvrait un jour plus tard pour laisser la priorité à Art-o-rama, qui était sur le territoire depuis bien avant, mais nous avons reçu des demandes de galeristes et de collectionneurs dans ce sens. Puis, nous sommes heureux d’accueillir ce troisième salon marseillais spécialisé dans la photographie, qui se nomme Polyptyque.

A Art-o-rama, vous partagez d’ailleurs avec Paréidolie les galeries Modulab et Suzanne Tarasieve, au sein d’un fort renouvellement de galeries très internationales. Comment s’est faite votre sélection ?

Jérôme Pantalacci :

Ce renouvellement n’est pas une volonté spécifique, et s’est constitué de façon assez naturelle. L’internationalisation est aussi liée à notre comité de sélection, constitué de la galerie parisienne Sans Titre et aux autres enseignes ou collectionneurs qui viennent d’Autriche, d’Espagne, d’Italie ou encore des Etats-Unis. Notre comité attire ces galeries du monde entier. Comme la foire NADA arrive à Paris, je pense que davantage de marchands américains vont encore vouloir venir à Art-o-rama, qui donne la possibilité de rencontrer des collectionneurs français que l’on peut revoir deux mois après, durant la grand-messe d’Art Basel Paris. Notre foire permet de créer du lien et d’étendre son réseau.

Quelles sont les nouvelles galeries de cette année, à Paréidolie ?

Martine Robin :

Chaque édition, nous essayons d’avoir un taux de renouvellement important au sein de nos galeries, tout en étant fidèles à celles qui nous suivent depuis le début. Parfois, certaines reviennent après plusieurs sessions, à l’exemple d’Alain Gutharc, et nous avons de très jeunes marchands qui inaugurent leur première foire, comme Stella Rouskova ou Galerie PJ. Nous assumons d’être une rampe de lancement pour des galeries qui pourront, notamment, exposer à Drawing Now par la suite.

 

Vous êtes, tous deux, les salons de la rentrée, dans un marché de l’art qui se ralentit nettement depuis quelques mois. Comment le ressentez-vous ?

Martine Robin :

Nos collectionneurs étaient au rendez-vous et il est important de rappeler que nous avons des acheteurs très actifs à Marseille. Les temps sont problématiques, mais on a pu observer un véritable effet JO qui a remis du baume au cœur à tous. Être à la rentrée est toujours intéressant, car l’on remet les compteurs à zéro et on repart sur autre chose… Nous avons la chance d’avoir, sur notre foire, un pool de collectionneurs qui nous soutiennent depuis onze ans et donnent le tempo pour les achats. 

A Art-o-rama, vous semblez également vendre davantage que lors des premières années, qui semblaient plus expérimentales…

Jérôme Pantalacci :

Notre format tendait, peut-être en effet davantage alors, vers plus d’expérimentations que « d’objets finis ». Si, au départ, les collectionneurs avaient moins l’idée de venir acheter de l’art à Marseille, les choses se sont affirmées. Nous accueillons toujours beaucoup de jeunes marchands, mais cette fois-ci la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois inaugure notamment sa première participation, avec un projet très spécifique signé de Julien Berthier.

Vous avez aussi de nombreux prix sur votre foire. Peut-on en citer un en particulier ?

Jérôme Pantalacci :

Oui, car nous venons de lancer le Prix Rendez Vous du Design et de l’Art Contemporain, de l’association marseillaise éponyme. A l’exemple du prix Roger Pailhas qui permet à une galerie d’art contemporain de voir son stand remboursé, ce prix va offrir son stand à une galerie de design, secteur que l’on commence à bien développer. Ce médium se travaille de manière différente, mais l’on observe l’intérêt de Marseille pour le design. Beaucoup de designers vivent ici et un festival de design est en train de se créer dans la ville.

Paréiodie est aussi dotée de plusieurs prix : Pébéo ou The Drawer, évidemment  liés au dessin…

Martine Robin :

Ils nous permettent de soutenir l’ancrage que l’on souhaitait développer quand on a envisagé de faire une foire sur le dessin. C’est également lié à histoire du château de Servières, où nous exposons, et à la programmation que j’y propose depuis 25 ans. J’y ai toujours privilégié le dessin car j’aime ce médium. Même quand les artistes se revendiquent d’une autre pratique, le dessin est toujours présent. Cette forme légère permet, en outre, des premiers achats et, s’il s’est élargi et peut atteindre des prix conséquents, il reste un médium coup de cœur. Je voudrais également citer le Prix Déjà, qui met en avant d’anciens étudiants d’écoles d’art du Sud et donne, à six d’entre eux, la possibilité d’être exposés sur le salon.

Comment analysez-vous, l’un et l’autre, cette situation de Marseille, et son ancrage dans la Méditerranée, notamment par rapport à d’autres foires ?

Jérôme Pantalacci :

Nous sommes entre l’Espagne et l’Italie et avons toujours des galeries de ces pays. Il est vrai qu’en étant à Marseille, nous nous devons de nous intéresser à la Méditerranée.

Martine Robin :

Nous sommes sur un territoire doté de nombre d’artistes, de collectionneurs, aussi de fondations ou de lieux privés. Marseille 2013 avait amorcé la chose, puis Manifesta a amplifié le fait que les artistes aient envie de s’installer ici. Au départ, la raison économique était la plus forte, puis tout s’est développé au sein d’une énergie globale ! Les artistes ne voient plus seulement la ville comme un tremplin et ils veulent y rester, même si le marché se fait, pour l’instant, principalement par les foires. Les fondations et lieux privés soutiennent notre action. 

Des ateliers peu cher… des grands lieux… de la convivialité… Marseille pourrait-elle vue comme Berlin… avec plus de chaleur et de soleil ?

Jérôme Pantalacci :

Peut-être… et il est vrai que nous bénéficions, comme la capitale allemande, d’un terrain économique assez fort et de collectionneurs locaux puissants. D’ailleurs, Les Mécènes du Sud fêtent cette année leurs vingt ans d’activité et de soutien sur nos trois foires marseillaises : Art-o-rama, Paréidolie et Polyptique.

 

 

Propos recueillis par Marie Maertens

Photos : Michaël Huard

 

 

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