Avec « Momentum, la mécanique de l’épreuve », JR voit la vie en grand
Tout commence à la gare RER Charles-de-Gaulle-Etoile, en 2000. Un garçon de 17 ans trouve un appareil photo abandonné. Le jeune Jean René, jusqu’à présent plutôt attiré par le graffiti, commence alors à photographier les tagueurs du métro parisien. Le phénomène JR est lancé. L’artiste réalise un reportage affiché sur les murs et les toits de la capitale, faisant office de galerie à ciel ouvert. Cette série est exposée pour la première fois à la Maison Européenne de la Photographie, qui consacre l’ensemble de ses espaces à l’artiste pour une monographie exceptionnelle. JR a un lien particulier avec la MEP : en 2006, alors qu’il expose illégalement ses œuvres dans Paris, il est soutenu par Dominique Bertinotti, maire du 4e arrondissement, et Jean-Luc Monterosso, directeur de la MEP. L’exposition “Momentum, la mécanique de l’épreuve” retrace le travail engagé de l’artiste originaire de Seine-Saint-Denis. Venant lui-même de banlieue, JR y porte un regard différent : sa série “Portrait d’une génération” montre les visages hilares des jeunes de Clichy-Montfermeil, et en 2005, il déforme le visage de ses modèles, “comme les médias déforment notre vision de la banlieue”. Qui dit banlieue dit aussi transports en commun: c’est bien le RER qui lui a apporté, de façon presque magique, un appareil photo… La RATP est partenaire de l’exposition et accueille cette saison les œuvres de JR dans 11 stations et gares de son réseau. Une évidence pour l’artiste : “revenir dans le métro (…) c’est l’occasion de présenter mon travail à des gens qui n’ont rien demandé, qui ne se sont pas déplacés dans une galerie ou un musée (…). C’est conforme à ma vision de l’art qui doit aller à la rencontre des gens”. Si JR a capté l’attention grâce à ses collages photographiques monumentaux, ses supports ne s’y limitent pas : “Momentum” présente diverses installations mécanisées et hypnotiques. Le travail subversif de JR est visible à la MEP jusqu’au 10 février 2019.