Dante, Tosches et la mafia : Julian Schnabel dévoile son oeuvre abyssale à la Mostra
S’il ne fait pas partie de la compétition officielle, le nouveau film de Julian Schnabel a déjà fait les gros titres avant même sa projection à la Sala Grande. Pour son avant-première, “In the Hand of Dante” ployait déjà sous le poids d’un fardeau : les deux acteurs Gal Gadot et Gerard Butler étaient visés par le groupe Venice4Palestine, qui appelait à leur renvoi du festival en raison d’un soutien supposé à Israël. Schnabel, depuis longtemps habitué à naviguer entre art et cinéma, a répondu fermement lors de la conférence de presse : “Je pense qu’il n’y a aucune raison de boycotter les artistes. J’ai choisi ces acteurs pour leurs qualités d’acteurs, et ils ont fait un travail extraordinaire dans le film, c’est tout. Je pense que nous devrions parler du film plutôt que de cette question.”
Basé sur l’œuvre posthume de l’écrivain « maudit » Nick Tosches, « In the Hand of Dante » est un enchevêtrement de plusieurs vies et obsessions. Un récit à plusieurs niveaux qui se déroule du XIVe au XXIe siècle : d’un côté, Dante Alighieri, déterminé à écrire la Comédie ; de l’autre, Nick lui-même, entraîné dans une violente intrigue pour authentifier un manuscrit supposément écrit de la main du poète. Ajoutez à cela des gangsters, des tueurs à gages inattendus et du chagrin, et vous obtiendrez un voyage qui ressemble plus à une descente aux enfers qu’à une enquête philologique.
Sur le tapis rouge, aux côtés du cinéaste, est apparu un Oscar Isaac magnétique accompagné de Louise Kugelberg et de Jason Momoa tout de rose vêtu. Puis sont arrivés Louis Cancelmi, Vito Schnabel, le chanteur-compositeur et poète britannique Benjamin Clementine, Louise Kugelberg, Duke Nicholson, Francesco Melzi d’Eril, Olmo Schnabel et Franco Nero. Évoqués comme des esprits protecteurs, les trois légendes Al Pacino, John Malkovich et Martin Scorsese, brillaient cependant par leur absence.
Schnabel, déjà récompensé par le prix Cartier Glory to the Filmmaker Award, semble ici à la poursuite de son propre univers. Son film ne se contente pas de décrire Dante ou Tosches, mais les met en parallèle dans un double jeu qui se transforme en quête de l’absolu. L’amour, la beauté, le divin : des mots forts qui, dans l’obscurité de la salle de cinéma, prennent tout leur sens.
Texte : Germano D’Acquisto
Photos : Ludovica Arcero

