Si pour le reste du monde la fashion week a quelque chose de surréaliste (et d’autant plus lorsqu’on parle de couture), Maria Grazia Chiuri a pris cette saison la thématique au pied de la lettre. Déjà quelques minutes avant son défilé haute couture de lundi, les images et vidéos de l’incroyable scénographie signée Bureau Betak avaient dominé les réseaux sociaux, laissant les aficionados avides d’enfin découvrir les silhouettes de la saison. Clin d’oeil certain à son mythique grand bal masqué lui aussi organisé au Musée Rodin, la créatrice a fait défiler des mannequins aux visages grimés de masques évanescents et, vous l’aurez compris, d’inspiration surréaliste. Ainsi, la nuit tombée dans les jardins du musée rue de Varenne, la réalité avait perdu son équilibre pour le plaisir des Instastories de chacun. Passage sur l’échiquier géant (et ses cavaliers déguisés) avant d’entrer dans l’immense tente et ses mains, oreilles, et yeux flottants qui dominent le “ciel”. Dans la catégorie du plus beau costume, Sasha Pivovarova remporte notre palme avec son masque self-made qui n’a pas manqué de taper dans l’œil d’Ellen Von Unwerth. Près de mille invités, mais on retiendra les visages (à demi cachés) de Bella Hadid en compagnie de Kris Van Assche, des tops Erin O’Connor et Eva Herzigova, de la sublime Monica Bellucci ou de Gabriel Kane Day-Lewis que l’on n’aura reconnu qu’au second regard. Sur un mur, des mains tendues servent des sucreries aux convives sous le manifeste “la beauté sera comestible ou ne sera pas” (Magritte, es-tu là?), alors que de l’autre côté, performers en tous genres cultivent le fantasme (on aime particulièrement les danseuses “reines de coeur” tout droit sorties du conte “Alice au Pays des Merveilles”). On se pince même quand Willow Smith entre sur scène pour un concert exclusif – oui, c’est bien réel ! Lorsqu’il est temps de quitter le bal aux heures les plus avancées de la nuit, on se demande : n’était-ce qu’un rêve ?