Martine Syms à Lafayette Anticipations
D’un côté, l’artiste libanais Mohamad Abdouni travaille à la préservation d’histoires incomplètes ou sur le point de disparaître. Avec Soft Skills, il propose « un retour au pays natal », la région de Bekaa au Liban, et s’attarde sur son enfance et son adolescence, période lors de laquelle il s’est vu imposer une masculinité étroite et limitante. Adulte, il incarne désormais une identité que l’enfant qu’il était peinait à entrevoir, et jette un regard mêlé de nostalgie bienheureuse et de gravité teintée d’humour sur son passé. Il s’attarde sur les figures, les archives et les bibelots familiaux et se remémore les personnages mythiques ou monstrueux qui peuplent toujours son imaginaire. L’artiste réexamine ses désirs de garçon queer, l’impossible incarnation d’une masculinité hétérosexuelle ou l’homo-érotisme de la camaraderie. Cette (re)lecture queer, Soft Skills, présente une réinvention jubilatoire d’autres manières de se comporter et de s’affirmer.
De l’autre, à l’aune de sa première rétrospective en France, l’artiste américaine Martine Syms invite les visiteur·euses à faire l’expérience d’une œuvre d’art totale qui se déploie dans tous les étages de la Fondation, la transformant en un magasin d’un nouveau genre. Composé de reproductions d’éléments de son atelier à Los Angeles – de la façade de l’immeuble à son bureau –, ce lieu hybride crée un pont entre les sphères du public et du privé, du visible et de l’inaccessible, de l’intime et du collectif, en racontant une certaine histoire de notre culture et des lieux qui la font. L’artiste présente une expérience kaléidoscopique où des questions existentielles s’incarnent dans les œuvres, puis sont transformées en éditions disponibles à la vente.
Lors de cette double inauguration, aux côtés des deux artistes, nous avons notamment croisé Rebecca Lamarche-Vadel, Chris Dercon, Martin Bethenod, Guillaume et Constance Houzé et bien d’autres.
Photos : Michaël Huard