Avec leur nouvelle exposition « Nuit électrique » à Templon Paris, le duo Pierre et Gilles assume sa longévité, sa place de portraitiste de l’époque et de pionnier des questions LGBTQIA+. Mondialement connus, Pierre et Gilles développent depuis 1976 une œuvre à quatre mains entre peinture et photographie. Leurs tableaux mettent en scène leurs proches, anonymes ou célèbres, dans des décors sophistiqués construits grandeur nature en atelier. Une fois la photographie tirée sur toile, commence un méticuleux travail de peinture. Ces créateurs d’images ont constitué une iconographie singulière explorant la frontière entre l’histoire de l’art et culture populaire.
Avec leurs nouveaux tableaux, créés au cours de ces deux dernières années, les artistes s’amusent de leur statut d’icônes pour dresser une galerie de portraits nocturnes et décalés. Pierre et Gilles mettent en scène quelques-uns de leurs personnages favoris comme le marin, l’ange, le voyou, ou le poulbot. Leurs modèles, tantôt dénudés ou tatoués, couples amoureux ou solitaires désabusés, forment une foule aguicheuse, joyeuse, vaguement inquiétante. En jouant sur l’ambiguïté des registres, Pierre et Gilles embrassent avec humour leur univers, et dessinent en creux un monde trouble, oscillant entre optimisme et désillusion. Le traitement de l’éclairage artificiel, cru, qui jamais ne décline, mais transfigure les êtres, est un des aspects les plus radicaux de leur pratique récente. Il peut être lu comme une puissante métaphore de la résistance au passage du temps qui nivelle tout, les existences et les combats.
Cette toute nouvelle exposition à la galerie Templon en leur présence nous a donné l’occasion notamment de croiser Djemila Khelifa, Eva Ionesco, Thomas Baigneres, Arielle Dombasle, Jean-Michel Othoniel et Johan Creten, et Elli Medeiros.
Photo : Ayka Lux