Park Chan-Wook fait sensation avec « No Other Choice », un drame sur la dignité et la résilience
Park Chan-wook signe son grand retour au Lido avec une surprise de taille sous la forme de « No Other Choice » (Eojjeolsuga Eobsda), présenté en compétition officielle. Le célèbre cinéaste sud-coréen s’éloigne des tensions hypnotiques d’« Old Boy » (2003) et des cruautés raffinées de « The Handmaiden » (2016) , et embrasse ici une histoire qui mêle drame social et ironie mélancolique. Un changement qui n’a pas déstabilisé le public vénitien : une pluie d’applaudissements a confirmé que son discours, même dans un registre différent, reste inimitable.
Le film se déroule dans une Corée du Sud contemporaine et raconte l’histoire de You Man-su (Lee Byung-hun), un artisan talentueux avec 25 ans d’expérience dans la fabrication traditionnelle du papier, qui mène une vie familiale apparemment sereine avec sa femme Miri (Son Ye-jin) et leurs deux enfants. Tout s’écroule lorsqu’il est soudainement licencié, renvoyé avec pour seule explication un froid « nous n’avons pas d’autre choix ». C’est alors que commence sa descente dans le labyrinthe de la précarité : entretiens d’embauche futiles, petits boulots sous-payés et menace imminente de perdre la maison pour laquelle il a tout sacrifié. Une chance de rédemption se présente avec Moon Paper, mais le rejet et l’humiliation infligés par le contremaître Choi Sun-chul (Park Hee-soon) le poussent à prendre une décision extrême : s’il n’y a pas de place pour lui, il la prendra de force.
« No Other Choice » examine la volatilité de la sécurité économique et la manière dont le travail devient partie intégrante de l’identité personnelle. Écrit il y a 17 ans et révisé à plusieurs reprises, le scénario a finalement été présenté à Venise comme une œuvre marquant une nouvelle étape pour le réalisateur : un style moins baroque, plus épuré, mais toujours capable de transformer un simple détail visuel en un véritable détonateur émotionnel. Cet équilibre entre intimité et radicalité fait de « No Other Choice » non seulement l’un des films les plus attendus du festival, mais aussi l’une des expériences cinématographiques les plus marquantes.
Texte : Germano D’Acquisto
Photos : Ludovica Arcero
