La leçon de théâtralité de Glenn Martens pour Y/Project automne-hiver 2019
À en constater l’amas de gens bien habillés devant la Maison de la Chimie ce jeudi 28 février (sous un soleil hésitant), il allait se dérouler là un défilé à ne pas rater: celui de Glenn Martens pour la collection automne-hiver 2019 de son label Y/Project. Alors que Carine Roitfeld, Susie Bubble ou Serge Ruffieux s’installaient au premier rang, le soundtrack prenait tout le monde par surprise: c’est un véritable carambolage sonore qui donne le ton, avant que la voix de Britney Spears ne prenne le relai avec un remix de « My Prerogative » (“They say I’m crazy…” dit-elle en boucle). Les premiers passages donnent le la d’une collection placée sous le signe de l’opulence. Glenn Martens prend encore à bras le corps des références historiques allant du Moyen-Âge à la Renaissance jusqu’aux années 70 pour montrer avec brio sa nouvelle définition d’une élégance et d’une sensualité modernes. Les anglophones on ce terme, « drama », pour souligner une grande théâtralité, et en regardant passer les silhouettes à l’architecture déconstruite, texturée et sans demi-mesure, c’est un concept qui s’impose rapidement dans les esprits. Il y a également une provocation intelligente chez Glenn Martens. Il en fait la démonstration avec ses colliers massifs : des personnages comme sculptés dans l’ambre figés dans des positions entre Eros et Thanatos. Alors que les volumes se font de plus en plus amples sur des silhouettes décomplexées, la chanteuse irano-hollandaise Sevdaliza crée la surprise en défilant vêtue d’une longue robe en faux-cuir et fausse-fourrure. Clou du spectacle, la robe de mariée XXL inspirée de la garde-robe des Tudor effleure de sa soie nacrée les genoux des invités qui, une fois le final arrivés, n’ont pas hésité à se lever pour applaudir Glenn Martens. Après tout, c’est justifié, Y/Project est la définition du succès.