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27.04.2015 #art

Timothée Chaillou

Art et indépendance

Les mondanités et les événements artistiques ont toujours été liés. À chacun de savoir quel rôle à tenir ou prendre dans ce jeu pour ne pas devenir les marionnettes d’un jeu social qui les dépasse.

Après un parcours sans fautes dans le milieu artistique, Timothée Chaillou, slasheur de haut vol, donne un nouveau souffle au département contemporain de la maison de ventes Piasa. Il nous raconte sa carte blanche au Bristol et explique pourquoi les célébrations sont nécessaires aux événements artistiques. Rencontre.

Votre parcours en quelques mots…

J’ai commencé mes études d’histoire de l’art et d’histoire du cinéma à Paris pour les terminer à New York. En parallèle, j’écrivais pour des revues, en commençant par publier des comptes-rendus d’expositions, puis de nombreuses conversations avec des artistes. Aujourd’hui, je suis critique d’art, enseignant, consultant en art, commissaire d’exposition indépendant, directeur du département art contemporain de la maison de ventes Piasa, directeur artistique d’AKAA (première foire d’Art contemporain et de design Africain), directeur du Prix Orisha et de l’espace d’expositions Appartement.

Comment réussissez-vous à jongler entre votre activité de commissaire d’expositions et celui de directeur au sein d’une maison de ventes ?

C’est organiquement lié. C’est travailler avec des objets d’art et des concepts, mais dans des contextes différents. Une galerie, un centre d’art, une maison de ventes sont des espaces ou le rapport à l’art varie, où le prix de l’art est plus ou moins visible. Mais, même les directeurs de musées connaissent la valeur financière des oeuvres que leur musée possèdent. L’art est un bien précieux, une nourriture spirituelle et un objet de luxe. Une maison de ventes peut faire appel à un commissaire d’exposition invité, qui pensera à l’ensemble de la sélection de sa vente autant que l’accrochage de celle-ci. Cela permet un regard éminemment personnel, pour quitter l’esprit des ventes généralistes sans cohérence.

Comment s’est déroulé la carte blanche de Piasa pour le Bristol ?

SAYWHO et Le Bristol nous ont invités avec Mathieu Mercier à imaginer une sélection de films. Cette programmation est liée au contexte du lieu lui-même, soit un lieu de convivialité où l’on peut boire des cocktails, face à un large miroir-écran, dans une ambiance feutrée. Les films que nous avons choisis ne sont pas narratifs et peuvent se comprendre d’un coup d’oeil. Ils sont plutôt abstraits ou statiques, ils évoquent parfois l’évanescence, parfois l’hypnotisme, parfois l’ivresse. Et sont parfois des invitations au voyage.

Vernissages, fêtes… aujourd’hui plus que jamais, dans l’art contemporain, les événements dits ‘mondains’ sont légions. Dans quelle mesure sont-ils nécessaires ?

Avec ses foires et biennales, l’art contemporain est un circuit de festivités ! Pour séduire de jeunes collectionneurs, il faut toutes ces mondanités. Il les faut aussi parce qu’il y a besoin de mécénat privé pour financer des expositions. Les mondanités et les événements artistiques ont toujours été liés. A chacun de savoir quel rôle à tenir ou prendre dans ce jeu pour ne pas devenir les marionnettes d’un jeu social qui les dépasse.

Vous faites partie de ces rendez-vous mondains. Au delà d’une proposition artistique en elle-même, qu’y trouvez-vous ?

Certes je vais parfois à ces mondanités, mais cela n’occupe qu’un infime moment des mes journées. Ce sont des rendez-vous, des moments de convivialité, qui me permettent de soutenir les projets et artistes que j’aime. Proust disait : « Je ne fus pas moins frappé de penser que les chefs-d’œuvre peut-être les plus extraordinaires de notre époque sont sortis, non du concours général, d’une éducation modèle, académique, mais de la fréquentation des pesages et des grands bars. »

Propos recueillis par Sabina Socol / Photo : Jean Picon

Carte blanche SAYWHO à PIASA au Bar du Bristol, curated par Timothée Chaillou et Mathieu Mercier

Du 29 avril au 31 mai 2015

Le Bristol Paris – 112 Rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris

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