Camille Tanoh
Bon pied, bonne musique
Camille Tanoh est un touche à tout, un slasheur bien dans sa génération. À l’occasion de la sortie du film de sa collection « The Proper Shoes », Saywho a rencontré celui qui, à 25 ans seulement, peut se targuer d’être mannequin-rappeur-créateur et membre du mouvement P.L.US.
La musique ou les chaussures en premier ?
J’ai décidé de sortir les chaussures en premier. Je me disais que si je sortais la musique avant les chaussures, on n’aurait pas eu la même approche. On dirait que c’est un rappeur qui veut faire de la mode. Donc j’ai préféré jouer dans l’autre sens. La génération slash, elle est arrivée il y a cinq ans. Il y a une histoire de timing, j’étais pas près avant parce que j’assumais pas. Là aujourd’hui, je me sens tout à fait à l’aise et j’ai fais de très belles rencontres comme Jean Paul Gaulthier qui a porté mes chaussures lors d’un défilé et Theophillus London. Je l’ai rencontrée avec son agent, ils m’ont beaucoup motivé à faire mon EP et donc je me suis dis que j’allais aller jusqu’au bout.
Avec qui travailles-tu ?
J’ai un mouvement qui s’appelle « P.L.US » pour Paris Loves Us, on est 7. On est deux créatifs, il y a des photographes, des rappeurs, des vidéastes, et les stylistes de la marque Neutre Paris. Ils vont d’ailleurs défiler pendant la Fashion Week. On bosse ensemble, on est soudés. Je crois qu’il manque ce genre de mouvement dans une ville assez solitaire comme Paris.
Parle-nous de Camille Plus.
Mon premier EP sort au mois de septembre. Je sors en ce moment un titre par semaine sur mon Soundcloud jusqu’en septembre sous le nom Camille Plus. Je compose et j’écris en anglais. J’ai vite compris que l’anglais voulait aussi dire succès, réussite, rencontre. Mon père a vécu en Angleterre, aux Etats unis et je me suis éduqué avec MTV Base, les sites internet. Le français correspond mieux aux poèmes, la lecture, le slam à la rigueur. Cet EP, c’est une forme de psychanalyse et l’anglais met une certaine distance comme si je racontais l’histoire de quelqu’un d’autre. Mais c’est festif hein, ce n’est pas mortuaire.
Comment a commencé l’aventure Camille Tanoh Shoes ?
J’ai un penchant pour la basket de luxe. Après ma formation de football, j’ai passé de mes 18 à 24 ans chez Paul Smith, Pierre Hardy, Balenciaga. J’ai fais du mannequinant et je bossais en même temps en presse et communication. J’ai grandi dans l’ère du digitale donc j’ai appris à dessiner sur un ordinateur. Un jour, je quitte la maison Pierre Hardy en me disant que je voulais devenir musicien et faire des chaussures.
Quel est l’univers de Camille Tanoh Shoes ?
J’essaie de faire des produits intemporels, des choses qui ne sont pas liées à une époque. Je me soucis pas trop des SS14, AW15, c’est plus une histoire que je raconte à ma manière et j’essaie d’inviter les gens et de leur dire voilà je sais que Coca Cola existe mais il y’a Pepsi aussi. La première collection « The Saturday Afternoon Man Shoe » est une chaussure de « l’homme du samedi après midi », des desert boots efficaces, précises avec des matériaux premium et qualitatif.
Pourquoi « The Proper Sneakers ?
Ce qui est drôle avec « The Proper sneakers », c’est l’ambivalence du mot « proper » en français. Les gens prennent « proper » comme la traduction de « propre » alors que non c’est « la vraie » basket. On a joué sur ce double sens et c’est génial car dans la communication, on essaie de faire des choses très épurées, propres, simples. On est deux dans cette société avec Marie Meyer qui est ma copine aussi. Elle avait une amie qui bossait dans la production de film, Loren Denis. Grâce aux contacts de Marie, Lorren, son ami Anthony Vibert, on a fait quelque chose d’assez exceptionnel parce que tout le monde a ramené sa pierre à l’édifice.