Emmanuel Perrotin
Emmanuel Perrotin
Jusqu’au 25 avril, l’incontournable Emmanuel Perrotin se téléscope au Bar du Bristol pour une carte blanche événement rassemblant une sélection de vidéos d’art réalisées par ses artistes. Saywho est allé à la rencontre du galeriste.
Avez-vous une affection particulière pour les bars des grands hôtels ? Une anecdote personnelle sur le Bristol à nous livrer ?
Je n’ai pas d’anecdote particulière, en revanche Sophie Calle en a fait une oeuvre intitulée «Silence» en 2012 : « Chaque fois que ma mère passait devant l’hôtel Bristol, elle marquait un arrêt, se signait, et me priait de la boucler : «Silence, disait-elle, c’est ici que j’ai perdu ma virginité ».
Pouvez-vous nous parler de la sélection vidéo que vous concoctez pour l’écran-miroir du Bar du Bristol ? Nous y retrouverons les œuvres de Laurent Grasso, Xavier Veilhan, Elmgreen & Dragset, Jesper Just, JR, JeanMichel Othoniel, Gianni Motti mais aussi celles du plus jeune et non moins prometteur Ivan Argote, que nous avions suivi lors de la sortie de « The Messengers » durant la dernière FIAC…
Le cadre feutré, la lumière tamisée du bar du Bristol se prêtent à la projection de vidéos, que l’on peut voir chaque soir. Certains films sont rares, comme ceux de Jean-Michel Othoniel ou celui de Elmgreen & Dragset tourné lors de leur exposition « The Old World » à la Galerie à Hong Kong l’année dernière. Concernant Ivan Argote, l’exposer à la Galerie s’imposait comme une évidence. Il utilise tous les médiums à sa disposition, peinture, sculpture, photographie, installation, vidéo, etc. La plupart des vidéos d’Ivan Argote présentées au Bristol sont des formats courts teintés d’humour et de malice.
À l’automne dernier, vous avez montré l’artiste Laurent Grasso avec l’exposition « Soleil Double », regroupant des oeuvres inédites dont notamment deux films « Soleil Double » et « Soleil Noir »…
L’oeuvre de Laurent Grasso est énigmatique et contient de multiples références. Les trois films présentés au Bristol possèdent une beauté étrange, les paysages parcourus sont fabuleux, hypnotiques, parfois déroutants. Laurent Grasso explore la réalité double des images et le rapport au temps et au pouvoir qu’elles engendrent.
Qu’est-ce que vous pousse à toujours vouloir dépasser votre rôle de galeriste, à aller à la rencontre d’autres territoires, comme le design, la mode ou la musique ?
Les artistes sont les premiers à explorer de nouveaux territoires, à adopter une démarche transversale qui les nourrit. Lorsque j’organise par exemple des concerts lors des vernissages de nos expositions (Pharrell Williams, Woodkid, Massive Attack, Sébastien Schuller, WhoMadeWho, etc), j’essaie de faire partager mes coup des coeurs musicaux et que ces moments soient mémorables pour chacun.
Vous êtes également un pionnier en matière de fêtes…
Je suis beaucoup sorti mais désormais de moins en moins car j’ai une famille et peu de temps. Cependant, je voyage beaucoup et j’aime toujours découvrir les nouveaux lieux insolites où s’amuser et se restaurer à travers le monde.
Autodidacte et iconoclaste, quelles sont les rencontres majeures qui ont marqué votre parcours ?
Chaque rencontre avec un artiste et son oeuvre est toujours un moment particulier et merveilleux. La collaboration avec Takashi Murakami (depuis 1993) et celle avec Maurizio Cattelan (depuis 1993) ont été des moment décisifs dans mon parcours. Nous avons évolué ensemble depuis plus de 20 ans. Je suis très fier quand les artistes de ma Galerie exposent dans des musées exceptionnels, par exemple Xavier Veilhan au Château de Versailles en 2009 et Takashi Murakami en 2010. En mai, sera inauguré le Bosquet du Théâtre d’eau rythmé par les monumentales sculptures fontaines de Jean-Michel Othoniel et redessiné par le paysagiste Louis Benech. Il s’agit de la première commande permanente à un artiste dans les Jardins du Château de Versailles depuis Louis XVI!
Photos : Virgile Guinard