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02.10.2010 #mode

I could never be a dancer

Un nom qui claque, deux personnalités attachantes et complémentaires, un sens du rythme de l’époque juste un peu en avance, mais pas à contre-temps, une curiosité à 360°… Bref, le duo de chorégraphes de notre génération.

Vous êtes deux, et aujourd’hui indissociables… Mais, comment vous êtes-vous rencontrés ? Racontez-vous version « Amicalement Vôtre ».

La question tombe bien car cette année ce sont les 10 ans de I COULD NEVER BE A DANCER ! Encore un birthday à fêter… Nous nous sommes rencontrés par le biais de la danse, bien que nos parcours de danseurs soient très différents : Olivier, ex-prof de Lettres Classiques, autodidacte dans différents styles de danses et improvisateur, Carine, ex-ballerine classique passée dans le camp de la non-danse et de la performance contemporaine. On a commencé à travailler ensemble sur des spectacles de danse contemporaine, avant de s’éloigner, volontairement, de cette scène, afin de développer un travail parfois plus plastique et performatif, parfois plus pop et commercial. Mais surtout avec la volonté d’élaborer les projets de manière beaucoup plus globale, en assurant la direction artistique, la scénographie, la lumière, le sound design…

D’où vous est venue l’idée de votre nom génial ?

Olivier : Ce nom m’est venu alors que j’étais encore en solo, parce que j’avais déjà l’intuition, même jeune, que je ne serais jamais vraiment un danseur… je veux dire un danseur entrainé, apprenant du répertoire dans une compagnie. Bien que j’en avais envie très fortement, je savais que mon truc c’était l’improvisation, l’écriture chorégraphique immédiate et surtout la conception globale de spectacles. Et puis, quand on a commencé à bosser ensemble, on a gardé ce nom car Carine éprouvait elle aussi un certain désenchantement de la danse et de son milieu.

Carine et Olivier : Et cette phrase nous apparaît toujours pertinente aujourd’hui par rapport aux fantasmes que le public a de la danse, des danseurs. Quand on dit qu’on est danseurs ou chorégraphes, les gens ont systématiquement la réaction de dire « moi je suis très mauvais danseur » ou « je ne pourrais jamais être danseur », comme s’ils avaient à se justifier… Alors qu’ils ne diraient pas, face à un écrivain ou un metteur en scène, « moi je serais un très mauvais écrivain ou metteur en scène… ». Le rapport au corps est présent chez tout le monde, alors que le rapport à la création l’est moins, en général.

Comment travaillez-vous tous les deux ? S’il y en a une, quelle est la répartition des tâches ?

Aucune répartition ! Notre travail est avant tout de la conception, que l’on fait à deux. C’est donc du dialogue perpétuel, du brainstorm de mêmes idées au même moment (à la seconde près, parfois), ou du guidage de l’intuition de l’autre… un fonctionnement bicéphale hyper connecté. En commun, une vision globale et transdisciplinaire de chaque projet qui nous permet de l’aborder dans sa totalité. Ensuite, nous avons quand même quelques spécialités : Olivier, la sélection musicale et le sound design, les problèmes un peu plus techniques, Carine le stylisme et les références mode.

Quels sont, jusqu’à présent, les trois grandes réalisations dont vous êtes les plus fiers, et pourquoi ?

Olivier : Pour ma part, l’installation-performance « Beaux-Arts » qui a été présentée dans le cadre de l’exposition « Playback », au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Le principe, un faux écran vidéo, qui reprend l’imagerie et la danse de vidéo-clips. De loin, le spectateur pense qu’il est devant un écran mais, quand il s’approche, il constate qu’il s’agit d’un danseur en live, qui danse pendant des heures non-stop… Comme une image de vidéo-clip étendue à l’infini, comme l’émergence du live et du corps dans l’espace muséal, avec ce jeu quasi-situationniste sur la perception du médié et du non-médié. C’est notre projet qui connecte le mieux nos problématiques conceptuelles et notre obsession de la culture pop. L’installation « Babydisco » aussi, une discothèque pour enfants de 4 à 7 ans, interdites aux parents, montrée au Palais de Tokyo en 2008 et 2009. Malgré la volonté du musée de faire passer cette installation pour de l’entertainment pur (un peu comme un tour de manège) et, du coup, une certaine incompréhension du public, les problématiques soulevées par cette installation nous sont chères : enchantement et désenchantement, questionnement politique des comportements adultes… Les Galeries Lafayette, pour lesquelles nous avons fait la direction artistique des 15 vitrines du Boulevard Haussmann. Ces vitrines devenaient comme autant de petits théâtres mettant en scène un concentré de notre univers, à travers la scénographie, la lumière, la vidéo, les sons… Enfin, le show Uniqlo d’hier soir !

Comment avez-vous abordé et conçu cette soirée HAPPY BIRTDAYS PARIS ?

Comme un défi et une expérience unique, bien sûr. Pour résumer l’équation : 3 marques aux ADN totalement uniques et différents, reliées par leur appartenance à un groupe, à mettre en scène dans le même soirée et le même espace. Le premier enjeu a été donc d’imaginer la mise en espace et la création d’une structure à la fois forte et transformable qui ne soit pas un runway classique. Nous avons imaginé une scénographie, presque une sculpture, inspirée de Sou Fujimoto et Malet-Stevens (pour le dialogue entre le Japon et l’Occident), sur laquelle étaient projetées des créations graphiques du collectif Superbien en mapping 3D, ainsi que des vidéos de Benjamin Seroussi.

Paris, dans son mouvement, sa fluidité et ses lumières est-il une source d’inspiration pour vous?

Je ne me sens pas particulièrement inspiré par Paris. On y vit, on y a nos réseaux, on s’y sent bien. Mais on ne peut s’empêcher de penser que tout est un peu sclérosé. On n’est plus inspirés par des personnes, des œuvres, des concepts, des images qui appartiennent à la culture globale. Ensuite Paris peut devenir un « thème » sur lequel on travaille… comme les vidéos que nous avons faites pour la Pavillon Français à l‘Exposition Universelle de Shanghai 2010. L’une des vidéos était la captation d’un rythme, d’une pulsation d’une rue parisienne, à travers des personnages typifiés, caractérisé unqiement par leur jambes et leurs rythmes de marche. Un petit exercice de style qui nous a amusés.

Quel lieu typiquement parisien rêveriez-vous d’investir ?

Olivier : La cour de Khorsabad au Louvre

Carine : Le Grand Palais, en toute simplicité !

Votre champ de prédilection est la culture pop. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Carine : nous avons toujours brassés toutes sortes de références pop ou plus pointues nous amusant surtout à les décontextualiser : s’inspirer de Cunnigham pour la chorégraphie d’un concert de Gonzales ou étirer une danse de video-clip à l’extrême pour une performance au Printemps de Septembre, voilà les matières qui nous inspirent et que nous interrogeons.

Olivier : parce qu’elle est fascinante, que les frontières entre culture et sous-culture ne sont plus pertinentes, parce qu’elle déréalise le monde, parce qu’elle est extrême, parce que c’est là qu’est la création aujourd’hui, parce qu’on ne peut pas y échapper, parce qu’elle est inépuisable et sans cesse renouvelée, parce qu’on doit « prendre ce qui est dominant dans une culture pour le changer rapidement » (Jenny Holzer, Survival Series).

Quels sont vos projets à venir ?

La finale mondiale du Elite Model Look, à Shanghai, en octobre. Et surtout l’ouverture de la Gaîté Lyrique à Paris, qui vient d’être repoussée à mars 2011. Ce nouveau centre d’arts numériques, nouveaux médias et nouvelles musiques nous a commandé des performances pour les 5 jours d’ouverture, en interaction avec les installations du collectif anglais United Visual Artists. Et peut-être le prochain clip de Pony Pony Run Run !

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