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15.02.2023 #art

Paolo Roversi

En photographie, la lumière est comme un sentiment

Une image est un portrait autobiographique, une confession intime entre le photographe et son sujet

Pour beaucoup, Paolo Roversi est l’un des meilleurs photographes de mode italiens. Car il a créé un langage artistique unique en son genre, l’artiste est aujourd’hui considéré comme une figure tutélaire de l’image de mode, une référence pour de nombreuses générations de jeunes photographes. Un géant, donc, à qui Rai Documentation a souhaité dédier un documentaire hommage intitulé “Il sentimento della luce », présenté à la Fondation Sozzini à Milan. Un voyage intime dans l’univers de Roversi retraçant, de Ravenna à son déménagement en 1973 à Paris, ses plus beaux portraits, et abordant surtout le jeu si particulier de l’artiste avec la lumière. Jeu qu’il définit comme un “sentiment”. Né en 1947, Roversi a été pionnier de l’usage du polaroid 20×25 ouvrant ainsi la voie à de nombreuses expérimentations autour de la lumière. Une photo, dit-il, est un portrait autobiographique, une confession intime entre le photographe et son sujet.  Et des portraits, Roversi, en a réalisé un nombre incalculable au cours de sa carrière, sublimant de grands noms comme Kate Moss ou Monica Bellucci, John Galliano ou la princesse Kate Middleton. Rencontre, à l’occasion de la sortie officielle du documentaire.

D’où est venue l’idée de réaliser ce documentaire “Il sentimento della luce” ?

Rai m’a proposé ce projet et j’ai immédiatement accepté. Un mélange de choses font que je ne pouvais pas le refuser. Que ce soit une demande de la télévision italienne, mon pays ou que le sujet central soit celui de la lumière. 

Pourquoi la lumière a-t-elle un rôle si essentiel dans votre travail ? 

Parce que je suis photographe ! La lumière que je recherche pour mes photos est une lumière particulière; que je définirais comme de la non-lumière, elle illumine certes, mais ramène aussi quelque chose de familier, une chaleur ou une simplicité, peut-être. 

Metaverse, internet: comment le rôle de la photographie de mode a-t-il évolué par rapport à vos débuts? 

Tout a énormément changé, tout comme le reste du monde, d’ailleurs. Les décennies récentes ont tout révolutionné nos manières de communiquer et de regarder les images mais aussi de les présenter. 

Pensez-vous que cela ait évolué en mieux ou en moins bien ?

J’ai ma petite idée. Mais laissons la postérité décider. 

Quelle est la vraie difficulté de chaque cliché ? 

Et bien, la beauté. J’ai toujours été à la recherche d’un idéal esthétique. Le vrai challenge est d’être capable de le trouver et de le montrer ensuite au public. 

Est-ce que vos sujets ont une chose en commun quand ils se trouvent devant votre objectif ? 

La confiance. Tous les modèles que je choisis font confiance au photographe et se laissent aller. Ils jouent le jeu de cet échange de sensibilité artistique. 

Pour quelle photo aimeriez-vous que l’on se rappelle de vous? 

Je vais répondre d’une manière un peu banale, mais qui traduit bien le fond de ma pensée:  une image que je n’ai pas encore prise. 

Qu’auriez-vous fait si vous n’étiez pas devenu photographe? 

Quand j’étais enfant, je rêvais de devenir écrivain ou chef d’orchestre. 

Quels sont vos projets pour 2023?

J’essaie de réaliser l’un de mes rêves, celui de devenir écrivain. J’écris en ce moment-même un ouvrage avec Emanuele Coccia qui parle du rôle de la lumière dans la photographie. 

Avez-vous finalement réussi à comprendre ce que la mer Adriatique et la Ville Lumière ont en commun ? 

Elles m’ont moi ! Les pieds dans l’Adriatique, l’esprit dans mon studio parisien.

Vous avez travaillé à Paris pendant près de 50 ans, qu’est-ce que cette ville a de si spécial ?

Paris est la capitale de l’art, du cinéma et de la musique. Mais le plus spécial à Paris, c’est Letizia, ma femme.

 

Traduction : Pauline Marie Malier

Photo : Ludovica Arcero

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