Jérôme Dreyfuss
Il y a quatorze ans, Jérôme Dreyfuss faisait une entrée sirènes hurlantes dans le petit monde de la mode. Aujourd’hui, il inaugure deux nouveaux shops au coeur de Saint-Germain-des-Prés. Entre temps, il a maqué Bob, Billy et Henri avec les filles les plus hip de Paris. Bob, Billy, et Henri, ce sont ses bags. Ses « it », même. Rencontre.
Jeudi, tu inaugureras deux nouvelles boutiques rue Jacob. Peux-tu nous donner trois dates qui ont marqué ton parcours, depuis ton premier sac ?
11 mars 1998 : mon premier défilé. Ce fut l’aboutissement d’un rêve de gosse, qui s’est passé dans les meilleures conditions imaginables. Il y a eu un véritable engouement médiatique auquel je ne m’attendais pas du tout. Ce jour là, j’ai fait de superbes rencontres, notamment le directeur artistique de Bloomingdales de l’époque, qui avait importé Yves Saint Laurent aux Etats-Unis. Il est venu me voir et m’a dit : « You will be a big designer ».
27 juillet 2003 : la naissance de mon fils. C’est évidemment un événement qui change complètement ta manière de travailler et d’aborder les choses. Par exemple, quand j’ai créé le sac Billy peu après, je l’ai pensé pour accueillir le nounours de mon fils, les couches, les biberons …
14 février 2010 : L’ouverture de la boutique new-yorkaise. C’était hallucinant, j’ai d’ailleurs toujours du mal à m’y faire ! Une vraie soirée à l’américaine, avec Sarah Jessica Parker qui arrive, et te serre dans ses bras alors que tu ne la connais pas. Il y a aux Etats-Unis une énergie folle, reboostante. Quand j’y vais, je me sens toujours comme un gosse.
En tous les cas, c’était une expérience étonnante dont je me souviendrai longtemps !
Ta toute première boutique était au 1, rue Jacob. Aujourd’hui, tu en ouvres deux nouvelles dans la même rue. As-tu un lien particulier avec Saint-Germain-des-Prés ?
Je ne suis pas parisien, et comme beaucoup de provinciaux, je fantasme cette ville. Le même peut-être que Woody Allen dans ses films : la ville de l’amour, les filles en robes à fleurs sur des Vélibs au printemps (rires)… Saint Germain correspond vraiment à la représentation que je me fais de Paris : bohème, intello, cette sensation que tu vas croiser Gainsbourg au café du coin…
Et puis la rue de Seine, dans laquelle il y a quelques-unes de mes galeries préférées.
A-t-on des chances de te retrouver dans d’autres domaines que la maroquinerie, dans un futur proche, ou moins proche ?
Aucune idée ! je bosse en fonction de mes envies. J’ai récemment fait des manteaux en cuir. Si demain j’ai envie de faire des casseroles, je ferai des casseroles ! D’ailleurs, je rêve de faire le concours Lépine.
Plus sérieusement, j’aime allier la pratique et l’esthétique. Quel que soit le support sur lequel je travaille, je m’exprime de la même manière. J’ai arrêté les vêtements avec la naissance de mon fils. C’était un vrai choix de carrière. Je me suis dit : « Tant pis pour la fashion, et vive la vie avec mon gamin et mes potes ! « . Je verrai quand il aura 15 ans.
Les sacs Jérôme Dreyfuss connaissent-ils la crise ?
Pas vraiment, même si c’est un peu gênant de le dire. On vient d’ouvrir une nouvelle boutique, car en face certains samedi, c’était une vraie boulangerie ! On a beaucoup de chance.
Si tu devais faire une table de six personnes à un gala de charité, tu inviterais qui ?
Mes potes !
Tu n’es pas mondain pour un sou…
Pas du tout ! J’aimerais bien, mais je ne sais pas faire…
Le jour où l’on a voulu me présenter Keira Knightley en me disant : « Elle ne porte que tes sacs », j’ai répondu « Que veux-tu que je lui dise ? Hello ? »
Propos recueillis par Benjamin Belin
Boutique Jérôme Dreyfuss. 1 & 4 rue Jacob, Paris 6e.
http://www.jerome-dreyfuss.com/