Amélie Pichard
La modernité aux pieds
La fille Pichard se marre, prend la vie comme un jeu, et surtout prend énormément de recul
Alerte à Paris ! C’est LA collaboration de la saison. En incubation depuis des mois, la ligne d’accessoires vegan d’Amélie Pichard et Pamela Anderson verra enfin le jour chez Tom Greyhound le 21 janvier 2016. Via ce medium des plus surprenants, la star d’Alerte à Malibu poursuit son engagement dans la cause animale et offre à la créatrice parisienne une capsule inoubliable. Rencontre d’avant-fête avec une fan comblée.
Racontez-nous votre parcours en quelques dates.
J’ai lancé la marque en 2010, juste après avoir gagné le Prix Bata. Mon premier point de vente à Paris a été le Bon Marché, en 2012. C’est là que j’ai quitté mon poste de styliste chez Dice Kayek, pour pouvoir me mettre à fond dans ma marque, que je voulais «made in France» et artisanale.
Quelles ont été les rencontres marquantes qui t’ont bouleversé ?
Quand j’ai commencé à travailler chez Dice Kayek, mes patronnes m’ont laissé tellement d’indépendance ! J’ai commencé stagiaire, et elles m’ont toute de suite tout donné. Elles m’ont laissé gérer l’atelier pendant leur absence… Pour moi, elles m’ont appris à gérer une boite, car c’était une petite structure et j’y ai tout vu. Je ne dessinais quasiment pas du coup car je n’avais pas le temps, mais je faisais tout le reste. Au-delà de ça, il y a eu des rencontres marquantes pour chaque moment de mon parcours. Du coup maintenant, c’est Pamela…
En cinq ans d’existence, vous avez collaboré avec des personnalités pointues, comme le lunetier Garrett Leight…
Garrett a effectivement été ma première collaboration. Je fais des chaussures sans être un chausseur à l’ancienne. Ce qui m’intéresse, plus que le produit, c’est l’univers et les histoires que je raconte. Je suis allée voir Milan qui a une boutique rue de Charonne, il m’a montré les marques qu’il avait et il y avait Garrett dans le lot. Comme il connaissait ma fascination pour les Etats-Unis, il a envoyé un mail. Je l’ai rencontré à L.A, ça a tout de suite matché, et on a décidé de faire des lunettes à l’image de mes chaussures. Ils sont partis du même principe que mes chaussures, c’est-à-dire une forme classique avec des mélanges de matériaux qui l’étaient moins.
Cette collaboration est-elle le fruit du réseau ou du culot ?
Quand j’ai envie d’un truc, je ne décroche pas. Les rencontres, c’est la magie de tout en fait. D’ailleurs, si je n’avais pas fait ce truc avec Garrett, je n’aurai probablement jamais rencontré Pamela.
Vous lancez cet hiver une collection de chaussures vegan, que vous avez créé en collaboration avec votre idole : Pamela Anderson. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ?
Il y a un an, on a fait le lancement des lunettes avec Garrett chez Milan et Art Factory. C’était une soirée spéciale Los Angeles, avec une pancarte grandeur nature de Pamela. Ça faisait deux ans que je bassinais tout le monde avec Pamela Anderson. La soirée était géniale mais il ne manquait qu’elle! Elle m’a découvert par Instagram, indirectement, via un de ses amis. Quelque semaines plus tard, j’ai reçu un mail me proposant une collaboration pour une collection vegan. J’ai quitté terre pendant une heure! Je l’ai eue un mois après au téléphone.
Dans quelle mesure cette collection a-t-elle été élaborée à quatre mains ?
On s’est appelées, on a parlé, elle m’a dit comment elle était, avec son côté très «beach girl», naturelle… Elle m’a envoyé des centaines de MMS, j’ai tout de suite senti qu’elle était impliquée. Elle a pris une grosse partie de l’avance pour payer la collection, en gros, c’est elle qui a investi. Elle n’a pas fait que prêter son nom. Je suis partie à Los Angeles lui montrer la collection sur laquelle j’étais en train de bosser d’après les éléments qu’elle m’avait donnés. La rencontre a été magique, exactement comme j’imaginais… Elle m’a accueillie dans sa maison toute blanche, pieds nus, pas coiffée, pas maquillée… Elle était à la fois hyper joviale et concentrée. Comme les filles Pichard que j’aime : une femme, une mère, une amoureuse, une femme d’affaire.
Est-ce plus difficile de faire une collection vegan ?
Oui, c’est hyper dur. Pour trouver des choses qui ne soient pas en cuir et qui ne soient pas moches, il fallait réussir à trouver des plastiques qui soient respirables. J’ai fait un thème brodé un peu artisanal avec le raphia, un thème jean… Et un thème vinyle, avec un petit clin d’oeil sur le talon (Malibu). Donc oui c’est plus dur, et beaucoup plus cher, car ce sont des matériaux techniques. Mais le but était de montrer qu’on peut faire quelque chose de différent, sans cruauté pour les animaux.
Vous êtes souvent à Los Angeles. En quoi diriez-vous que le réseau de la mode, de la création, y est différent par rapport à Parisien ?
Je connais très peu le milieu de la mode à Los Angeles, à part Garrett. Je trouve que là-bas, il y a une facilité, quelque chose de fluide. À partir du moment où tu te mets d’accord pour faire un truc, ça roule. Dans tous les cas, le réseau, c’est la base.
Marchez-vous en bande ?
Je n’ai pas de bande. J’aime bien être un peu un électron libre et avoir plein d’amis complètement différents. J’ai plein de copines, et depuis que je fais des chaussures j’en ai encore plus! Du coup, je peux passer tous les soirs de ma semaine à voir quelqu’un. Ça me suffit de me faire une bouffe à la maison ou une terrasse… Je ne suis jamais sortie pour «réseauter». J’ai essayé de le faire une fois à l’Andam et je suis rentrée déprimée ! Ça a peut être pris plus de temps à décoller pour moi à cause de ça d’ailleurs.
La fille Amélie Pichard a un côté pin-up, sexy…
C’est la pin-up 70 ! Une fille qui s’assume, qui assume sa sexualité, une femme moderne. Je ne m’implique dans rien de «politique», je n’ai pas de conviction particulière pour les choses qui me dépassent. Du coup, je ne suis pas féministe. J’ai reçu de sacrés messages car j’osais montrer des filles dénudées, sexy… La fille Pichard se marre, prend la vie comme un jeu, et surtout prend énormément de recul.
Vous êtes très active sur Instagram (@améliepichard). Dans quelle mesure est-ce important dans votre métier ?
C’est ma passion! J’adore ça. C’est mon réseau social préféré, car c’est là que je peux montrer mon univers aux gens. Désormais, je me rend compte que c’est génial car c’est grâce à ça que j’ai rencontré Pamela, Christine and the Queens, toutes les artistes qui me portent aujourd’hui. Ça facilite vraiment le réseau.
Une prochaine collaboration, la prochaine Pamela ?
Je pense que potentiellement ça ne sera jamais avec une autre «star». Mon rêve, ce serait David Lynch. Après, j’aimerais surtout continuer à faire des petites collabs, comme ce qu’on a fait avec Le Coq Sportif. J’adorerais en faire une avec Aigle, ou Levi’s…
Propos recueillis par Sabina Socol.