26.02.2025 Perrotin Paris #musique

Étienne de Crécy

L’électro, une musique toujours en évolution

« Ma musique est le fruit d’une construction, comme un puzzle »

Pionnier de la fameuse French Touch que le monde nous envie, Etienne de Crécy vient de sortir un nouvel album, WARM UP. A l’occasion d’une exposition de vidéos s’y référant chez Perrotin, nous lui avons posé quelques questions.

Par où et comment tout a commencé ?

ÉTIENNE DE CRÉCY:

Tout est parti de Détroit et Chicago. Il se passait là-bas quelque chose de nouveau depuis la fin des années 80. La musique que l’on jouait dans ces clubs avait un parfum d’inédit. Comme j’étais fan de musique, je connaissais les 3 ou 4 magasins dans Paris qui recevaient régulièrement les nouveautés. Ce son était nouveau, entêtant et il se conjuguait avec une poussée de l’informatique. On s’essayait sur des ordis, avec des claviers et des synthés. C’était très exploratoire et ça coïncidait avec les balbutiements de l’Internet. Ce mélange a créé un terreau de création hyper fertile.

Comment est née cette fameuse French Touch ?

ÉTIENNE DE CRÉCY:

Avec notre premier album, en 1993. J’avais fondé le groupe de musique électro Motorbass avec Philippe Zdar. On a sorti un premier Maxi. Notre son était différent car on “samplait” des morceaux, alors que les américains, ou les allemands, produisait un son électro pure. Donc avec nous, les gens avaient des mélodies, de disco ou de rap, auxquels ils pouvaient se raccrocher tout en découvrant un son radicalement nouveau. C’était ça notre “French Touch”.

Quel est votre métier en réalité ?

ÉTIENNE DE CRÉCY :

J’en ai deux, bien distincts. 

 

D’un côté, je suis DJ. Je joue dans des clubs un peu partout. Pour alimenter mes sets, je passe beaucoup de temps à écouter d’autres musiques pour nourrir mes prestations d’une nouveauté. Donc je fais de la veille musicale en quelque sorte. C’est long mais essentiel d’écouter en permanence ce qui se passe sur la scène électro et il se passe quelque chose toutes les minutes. Tout n’est pas bon. Donc ce travail de sélection, minutieux, est très chronophage. 

 

D’un autre, je produis et compose des albums. Je ne suis pas musicien au sens étymologique, car je ne joue pas d’un instrument. En revanche, je sais vraiment bien me servir des claviers qui m’entourent. Une fois que j’ai composé, j’envoie des morceaux à des gens qui chantent dont j’aime le travail. Certains sont très connus, comme Damon Albarn par exemple, d’autres moins. Ils posent des paroles sur les morceaux que j’ai écrits et on regarde ce que ça donne. C’est comme ça que je fais mes albums. C’est une construction, un puzzle.

Qu’est ce que vous attendez de l’IA ?

ÉTIENNE DE CRÉCY :

Aujourd’hui, pas grand chose. Rien ne m’ennuie plus que d’écrire des prompts ! L’IA fait une musique électronique à partir de ce qui a déjà été produit par d’autres. Donc, de mon point de vue, c’est moyen. Pas mauvais, mais moyen. Là où je serai intéressé de travailler avec l’IA, c’est lorsqu’elle sera en mesure de me faire gagner du temps. Certaines explorations électroniques prennent beaucoup de temps, notamment des calculs de rendus. Si l’IA me permet d’aller beaucoup plus vite, je pourrais explorer beaucoup plus de pistes. Alors l’IA pourra enrichir ma création et de ce point de vue, elle sera intéressante.

Pour cette exposition chez Perrotin, vous avez travaillé la vidéo. Parlez-nous de cet autre moyen de diffuser de la musique.

ÉTIENNE DE CRÉCY :

Lorsque nous avons commencé dans les années 90, les clips étaient très importants. La musique était diffusée par la télévision. Mais comme nous étions nouveaux, on se retrouvait souvent glissé entre deux artistes avec qui on n’avait pas grand chose à voir, comme Zazie ou Pascal Obispo ! Je garde encore aujourd’hui une attention particulière pour les clips, y compris dans la longueur, ce que la nouvelle génération a parfois du mal à apprécier. Et comme je suis aussi sensible à la danse contemporaine, j’ai voulu que ces clips lui rendent hommage dans la longueur, tout en embrassant ma musique. Et j’avoue que je trouve le résultat très convaincant !

 

Album WARM UP : Sortie 14 mars 2025

 

Propos recueillis par Nicolas Salomon

Photos : Jean Picon

 

 

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