Michael Canitrot
Certaines le connaissent déjà pour ses soirées So Happy in Paris, mais nous c’est à Cannes qu’on l’a rencontré, puisque chaque année il est le DJ officiel de la montée des marches. Rencontre.
Pour ceux qui ne te connaissent pas et pour les autres, peux-tu nous expliquer ce que tu fais à Cannes?
Je suis le Dj officiel de la montée des marches. En quoi cela consiste-t-il ? Je crée une ambiance musicale, je mixe en live pendant une heure, pour accompagner les invités qui viennent aux projections. J’aime me comparer à un sound designer qui crée une musique pour un défilé de mode.
Quelle rencontre rêverais-tu de faire pendant ce festival?
Etre coincé dans l’ascenseur avec Robert De Niro, et parler musique. C’est très probablement le seul moyen pour parler avec lui plus de deux minutes. Le rêve ultime serait que cela arrive dans le Palais.
Parmi les films en compétition, quel est celui que tu as le plus envie de voir?
Le film d’ouverture de Woody Allen qui a été tourné à Paris. J’adore son univers, son casting.
Question musicale : Choisis-tu ta playlist en fonction du film projeté le soir ? Tes sons sont-ils en lien avec l’univers d’un réalisateur, le casting, le thème?
Tout à fait ! Certains films s’y prêtent davantage, ont un angle musical prononcé, un véritable univers sonore. Par exemple, un film de Tarantino est tellement chargé musicalement que je peux constituer quelque chose de vraiment sympa et vraiment inédit. Pour Woody Allen, j’ai fait un mix entre son univers que l’on connaît tous, et des chansons autour du thème « Paris », puisque c’est le titre du film. Pendant tout le festival, je vais essayer de créer des ambiances propres à chaque film diffusé.
Finalement pour une heure de montée des marches, c’est beaucoup plus de travail en amont?
Deux, voire trois mois avant le festival, je prépare mes playlists avec mes morceaux coup de coeur, qui donnent un souffle nouveau chaque année. En plus, dès que j’ai vent de la sélection officielle, j’y injecte des sons plus thématiques, plus pertinents et le plus en phase possible avec chacun des longs métrages.
C’était la première montée des marches du festival, version 2011. La Première est souvent révélatrice. Sur ce constat, la penses-tu de bon augure pour les dix prochains jours?
J’ai trouvé que c’était une très belle montée. Avec beaucoup d’acteurs internationaux. Ce qui est bon signe pour un festival de cinéma. Pour cette première montée, nous avons été gâtés !
Une adresse pour faire la fête?
Pas vraiment. Je me laisse porter par le flot des soirées privées, intimes. Je ne vois pas l’utilité d’aller en club à Cannes, étant donné que toute l’année je suis à Paris dans les grands clubs électro. Ici, c’est plutôt l’opportunité d’assister aux fêtes de films, de rencontrer les acteurs du monde du cinéma. D’ailleurs, ces soirées sont souvent dans des villas ou des lieux improbables. C’est aussi pour ça que j’aime Cannes.
Justement, qu’est ce qui fait que Cannes est différent du reste, toi qui voyage aux quatre coins du monde?
C’est très différent en effet de tout ce que je peux voir durant le reste de l’année. C’est d’abord très international, un concentré de personnes venues du monde entier dont le point commun est la passion du cinéma. Le cocktail films et fêtes, c’est ça que j’aime à Cannes, et qui rend cette quinzaine tout à fait singulière.
Ton meilleur souvenir depuis ta première participation en 2003?
J’ai beaucoup d’anecdotes, notamment sur la montée des marches. Mais ce qui me restera toujours en tête, c’est le moment où Mélanie Laurent et Tarantino ont commencé à danser sur mon mix, et ont littéralement enflammé le red carpet. Une image qui d’ailleurs est restée dans les esprits de tous. Je peux aussi parler du showcase privé de U2, qui s’est tenu à un mètre de moi. Forcément un moment magique et inoubliable.
Toi qui doit porter le smoking tous les soirs pour appliquer le très strict protocole du red carpet cannois, quel est ton créateur fétiche?
J’ai la chance, depuis plusieurs années, d’être habillé par Smalto, que je porte donc de la tête aux pieds.
Propos recueillis par Benjamin Belin
Photo par Virgile Guinard