Monika Mogi
VISION GATE – « Day of a Full Moon »
J’ai souhaité montrer la dimension spirituelle de la nature au Japon, et véhiculer une image forte de la femme d’aujourd’hui.
Dans un contexte mondial où la découverte de nouvelles cultures est mise à mal, l’Agence pour les Affaires culturelles, rattachée au gouvernement japonais, vient de lancer une initiative visant à promouvoir la culture, à la fois unique et plurielle, de son pays. Nommé CULTURE GATE to JAPAN, le projet se compose notamment d’une série d’expositions organisées dans sept aéroports du pays. Les aéroports internationaux de Tokyo Haneda et Narita accueillent ainsi VISION GATE, un group show réunissant huit artistes japonais toutes générations confondues sur une proposition curatoriale de Paola Antonelli, conservatrice principale du département d’architecture et de design du MoMA de New York. Alors que Yuri Suzuki et Miyu Hosoi présentent une installation sonore nommée « Crowd Cloud », six artistes présentent leur vision d’un Japon entre tradition et technologie, passé et présent, dans une série de vidéos réparties dans les différents terminaux d’arrivée de l’aéroport. acky bright, Jun Inoue, Mariko Mori, Monika Mogi, PARTY et Sachiko Kodama transmettent ainsi leur interprétation singulière de leur culture natale aux voyageurs qui posent le pied, peut-être pour la première fois, sur le sol japonais…
Que vous évoque la notion de « vision » en tant qu’artiste ?
La vision pour moi, c’est croire en mon monde et partager des émotions qui, je l’espère, pourront toucher les gens.
Quelle place tiennent vos racines japonaises dans votre travail, ainsi que la tension entre passé et présent, tradition et innovation dans la culture japonaise ?`
Je fais partie de la scène culturelle tokyoïte depuis mon adolescence, et c’est intéressant de voir à quel point les choses ont progressé. Personnellement, je suis très inspirée par l’art japonais, sa musique, son cinéma, surtout de la période entre les années 1970 et 1990. J’ai aussi pu faire l’expérience de la culture traditionnelle en lien avec la nature, avec les onsen (les bains chauds), ou les motifs spécifiques aux temples et aux lieux sacrés. Le folklore japonais relève du mystique, et je trouve l’art traditionnel tout simplement magique.
Pouvez-vous nous parler de votre œuvre présentée dans le cadre de VISION GATE, et la différence qu’il y a pour un artiste à exposer dans un aéroport au lieu d’une galerie ?
J’ai voulu créer une œuvre qui me soit personnelle et qui dévoile ma vision du Japon. J’ai filmé mes amies proches, Sayaka et Kiko, à la caméra 16mm, dans l’intimité la plus totale. J’ai souhaité montrer la dimension spirituelle de la nature au Japon, et véhiculer une image forte de la femme d’aujourd’hui. Sayaka, une musicienne expérimentale, porte le kimono violet de sa mère et joue d’un shamisen qui appartenait à sa grand-mère. Ma plus proche amie, Kiko, se dresse devant les roches volcaniques de Gunma vêtue d’une combinaison de ma grand-mère créée à partir d’un kimono fait en tissus recyclés. Chaque élément du film est lié à une émotion personnelle, et j’essaie toujours de créer des œuvres qui proviennent de la bienveillance.
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