Muzungu Sisters x The Space
Tatiana Santo Domingo et Dana Alikhani, aka les « Muzungu Sisters », sont des globe-trotteuses hors pair. Elles voyagent et chinent de la plus petite breloque ethnique aux trouvailles fashion les plus inédites. Ce beau duo de jet-setteuses bohèmes a choisi le concept-store germanopratin d’un autre « twin-set » de filles dans le vent, Julia van Hagen et Tallulah Rufus Isaacs, pour y planter son pop-up store parisien et y exposer ses trouvailles. Rencontre avec un carré d’A.
Tatiana, Dana, d’où vient ce nom : « Muzungu » ?
A l’origine, Muzungu signifiait « voyageur » en Swahili (groupe de langues bantoues de l’Afrique de l’Est, ndlr). Aujourd’hui, par extension, il désigne tous les étrangers. Nous sommes donc les soeurs voyageuses, titre qui illustre bien notre concept : voyager aux quatre coins du monde pour chiner et découvrir de nouvelles choses.
Ce pop-up store, c’est une histoire de copines ou quelque chose de plus fondamental vous rassemble toutes ?
TATIANA : J’ai rencontré Tallulah lors d’un stage à NYC. De passage à Paris il y a quelques semaines, j’ai découvert l’univers de The Space. J’étais au même moment en train de chercher un espace pour planter mon pop-up store. Quand je suis arrivée ici, j’ai tout de suite pensé qu’il y avait un truc sympa à faire.
JULIA : Quand Tallulah m’a parlé de ce projet, j’ai tout de suite été emballée. Nous avons une réelle envie de développer l’idée de pop-up dans la boutique. Sans compter que j’adore ce que proposent les Muzungu Sisters. Finalement, c’est un concept dans le concept, donc c’est parfait ! Nos univers se combinent à merveille.
DANA : Ici, on se sent comme chez soi : c’est un joyeux mélange d’artistes jeunes et plus établis, de bibelots chinés et de pièces de mode, de vieux papiers peints et de mobiliers vintage.
Tatiana, Dana : racontez-nous vos voyages et leur véritable but. Voyagez-vous pour chiner ou chinez-vous en voyageant ?
DANA : Au départ, nous voyagions beaucoup, et en avons rapporté une multitude d’objets et de pièces issus du hasard de ces pérégrinations. Beaucoup de ces trésors ont fait l’unanimité auprès de nos amis. L’idée nous est alors venue de développer une activité dans ce sens, et de voyager avec l’intention de chiner. Finalement, aujourd’hui, c’est une vraie combinaison des deux : parfois, il nous arrive de nous rendre dans tel ou tel endroit car nous savons que nous allons faire d’incroyables découvertes. Mais, en parallèle, nous laissons le hasard nous jouer de jolis tours.
The Space, toute l’année, c’est un mélange de jeunes créateurs et de jeunes artistes, à la fois concept-store et galerie. Quel est le pont entre art et mode ? Pourquoi cette volonté de joindre les deux ?
TALLULAH : j’ai travaillé pendant plusieurs années dans la mode et, avec Julia, nous avions cette même envie de présenter dans notre concept-store jeunes créateurs et noms connus. Je ne sais pas véritablement comment l’expliquer, mais la mode et l’art ont pour moi un lien logique, quelque chose de complémentaire.
JULIA : A l’époque, je montais des expos d’art un peu partout, et notamment dans des clubs dans lesquels j’associais art et musique. J’aime cette idée d’associer l’art avec une autre discipline. La mode est dans cet esprit de création qui rend le sujet totalement artistique. Ce qui est chouette, ici, c’est que tout est à vendre… Sauf moi !
Tatiana, Dana, parlez-nous de cette notion de commerce équitable, mantra de la griffe Muzungu.
DANA : Je suis diplômée en « Human Rights ». Pour nous, il était primordial de démarrer un business en étant socialement responsables. Cela ne signifie pas que nous sommes une association ou une oeuvre de charité. Mais plutôt que nous avançons avec des valeurs éthiques. Ne pas exploiter les gens en travaillant, les soutenir autant qu’ils nous aident. Tirer profit et faire tirer profit. Pendant tout ce processus, nous donnons une attention toute particulière à l’origine des matières, à l’artisanat, que les personnes participant au projet soient bien traitées, payées convenablement, etc. L’humain au centre, en somme.
TATIANA : les gens commencent à réaliser qu’avec peu de chose ils peuvent faire la différence, avec leur propre histoire, leur savoir-faire. Changer cette notion de luxe, qui pour nous ne se limite pas à acheter un sac de marque dans n’importe quel aéroport. On parle de quelque chose de rare, fait à la main, avec une histoire.
Tallulah, Julia, quels créateurs / artistes aimeriez-vous voir dans votre concept-store ?
TALLULAH : Helmut Lang, qui pour moi est LE créateur qui excelle dans le classicisme. Et Vivienne Westwood, qui d’ailleurs fitterait particulièrement avec l’ambiance de la boutique.
JULIA : Gavin Turk et Stuart Semple, deux artistes anglais que j’affectionne et avec lesquels je suis d’ailleurs en discussion. Deux artistes très contemporains, très avant-gardistes.
Tatiana, Dana, le prochain pays dans lequel vous allez vous rendre ?
TATIANA : la liste est longue, mais on prévoit d’aller prochainement au Laos, au Vietnam, en Thaïlande…
DANA : … Et en Afrique du Sud.
Quelle est votre dernière trouvaille ?
DANA : Des sacs indiens en vieilles pièces et patchwork, dont les tissus vintages viennent du Pakistan et du Gujarat. Ils sont assemblés à Delhi par une vieille dame, pour nous.
Votre dernière belle rencontre ?
DANA : A Jaipur, une personne chez qui nous nous approvisionnons beaucoup en tissus nous a proposé de visiter son workshop, ou s’attelaient dans la sérénité des hommes et des femmes. Nous sommes arrivés à l’heure du thé, et leur accueil nous a particulièrement ému.
Etes-vous des oiseaux migrateurs de nuit? Où peut-on vous trouver après minuit ?
ENSEMBLE : On aime les bonnes fêtes, comme on aime rester chez nous !
JULIA : On est allées au Raspoutine, samedi dernier, après avoir diné chez Moustache. On veut découvrir le Rouge de Pigalle aussi !
TATIANA : Habitant Londres, je dirais Le Momo, le Maggie’s pour sa musique 80s’ incroyable, et le Baron, qui vient d’ouvrir.
Propos recueillis par Benjamin Belin. Photos : Priscilla Migemolle Dime (1 Tatiana / 2 Dana / 3 Julia / 4 Tallulah)
Pop-up store Muzungu Sisters @ The Space /// 21, rue Bonaparte, Paris 6e