Adam Bessa
Les nouveaux talents du cinéma français – Adam Bessa
Rencontrer les nouveaux talents du cinéma français, c’est s’intéresser au cinéma de demain. Les 10 to Watch d’Unifrance ont été sélectionnés par des journalistes internationaux après s’être fait remarquer dans les grands festivals mondiaux en 2024. Et en 2025, il y a de grandes chances qu’on les voient un peu partout.
Né en France de parents tunisiens, Adam Bessa parle plusieurs langues, ce qui lui permet de passer avec aisance d’un rôle à un autre. Dans son pays comme à l’étranger, il alterne entre films d’auteur et Hollywood.
Il est révélé en 2017 dans le film Les Bienheureux de Sofia Djama, un rôle qui lui vaut une première nomination aux Révélations des César. Il enchaîne les projets internationaux comme Mosul (2019), Tyler Rake (2020), Haute Couture (2021) et Le Prix du Passage (2023), et livre une prestation remarquée dans Harka (2022), qui lui vaut des prix d’interprétation à Cannes, où le film a été présenté dans la sélection Un Certain Regard. En 2024, il est de retour au Festival dans le cadre la Semaine de la Critique pour Les Fantômes de Jonathan Millet, pour lequel il reçoit une nouvelle nomination aux Révélations des César. On le retrouvera dans le prochain long-métrage d’Asghar Farhadi, Histoires parallèles, aux côtés d’Isabelle Huppert, Virginie Efira, Vincent Cassel et Pierre Niney.
« Un rôle en anglais n’a rien à voir avec un rôle en arabe : c’est une bouffée d’air frais de pouvoir alterner entre les deux. »
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir acteur ?
Adam Bessa :
Ma carrière est rythmée par les langues, et chacune d’entre elles représente un univers différent. Un rôle en anglais n’a rien à voir avec un rôle en arabe : c’est une bouffée d’air frais de pouvoir alterner entre les deux. C’est un peu comme si je me glissais dans la peau de quelqu’un d’autre à chaque fois. C’est assez similaire à ce fameux changement de personnalité lorsqu’on s’exprime dans une autre langue : c’est un autre monde, une nouvelle façon de vivre et de penser. Le cinéma m’est venu assez naturellement. J’ai passé mon adolescence à regarder des films, et j’ai toujours considéré ça comme une passion seulement. Et puis un jour, je me suis demandé si ça valait le coup d’y faire carrière.
Quel est ton meilleur souvenir de Cannes ?
Adam Bessa :
Lorsque j’ai remporté le prix d’interprétation pour Harka en 2022.
Quel est le meilleur film que tu aies vu récemment ?
Adam Bessa :
The Apprentice. C’est un très bon film qui va bien vieillir.
Quel est ton film préféré de tous les temps ?
Adam Bessa :
Two Lovers, de James Gray. Je pourrais le regarder en boucle.
Ton film français préféré ?
Adam Bessa :
Le Pianiste, de Michael Haneke.
Si tu pouvais dîner avec n’importe qui – mort ou vivant – à Cannes, qui aimerais-tu voir à ta table ?
Adam Bessa :
Johnny Depp.
Qu’est-ce qui te plaît le plus au Festival de Cannes ?
Adam Bessa :
Ce que j’aime, c’est qu’en l’espace de quatre jours, on peut croiser des gens que l’on rencontrerait peut-être au cours d’une année entière. C’est toute la planète qui se retrouve. Et puis toutes les facettes du cinéma sont représentées, on trouve autant de gros blockbusters que de petites productions. Je suis très attaché à ce festival car il assure à ces plus petits films une pérennité au-delà de la quinzaine, ce qui est parfois difficile dans cette industrie où seuls les chiffres et les plateformes de streaming comptent.
Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup d’opportunités pour les productions les plus modestes. Un fort engouement à Cannes peut mettre en valeur un réalisateur ou un film et attirer l’attention sur un projet qui, dans un autre contexte, aurait été noyé dans la masse de l’industrie. À Cannes, il est possible d’entendre davantage parler d’un film d’auteur que du dernier “Mission : Impossible”.
Cela n’existe nulle part ailleurs, et d’une certaine manière, c’est une forme de résistance. Le Festival de Cannes est un gage de qualité – les gens le respectent et le symbole a encore de l’importance car les films ne sont pas jugés en fonction du coût de leur production ou des recettes du box-office. Ça n’a pas de prix.
Propos recueillis par Rebecca Leffler
Photos par Ludovica Arcero