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29.03.2021 #art

PARTY

VISION GATE – « TSUGI »

« TSUGI » utilise l’imagerie satellite et la méthode japonaise du « kintsugi » pour incarner une lueur d’espoir.

Dans un contexte mondial où la découverte de nouvelles cultures est mise à mal, l’Agence pour les Affaires culturelles, rattachée au gouvernement japonais, vient de lancer une initiative visant à promouvoir la culture, à la fois unique et plurielle, de son pays. Nommé CULTURE GATE to JAPAN, le projet se compose notamment d’une série d’expositions organisées dans sept aéroports du pays. Les aéroports internationaux de Tokyo Haneda et Narita accueillent ainsi VISION GATE, un group show réunissant huit artistes japonais toutes générations confondues sur une proposition curatoriale de Paola Antonelli, conservatrice principale du département d’architecture et de design du MoMA de New York. Alors que Yuri Suzuki et Miyu Hosoi présentent une installation sonore nommée « Crowd Cloud », six artistes présentent leur vision d’un Japon entre tradition et technologie, passé et présent, dans une série de vidéos réparties dans les différents terminaux d’arrivée de l’aéroport. acky bright, Jun Inoue, Mariko Mori, Monika Mogi, PARTY et Sachiko Kodama transmettent ainsi leur interprétation singulière de leur culture natale aux voyageurs qui posent le pied, peut-être pour la première fois, sur le sol japonais…

Que vous évoque la notion de « vision » en tant qu’artiste ?

Paola Antonelli nous avait expliqué au cours d’une discussion à quel point, de la perspective d’un étranger, le Japon semble être un pays visionnaire. Lorsque j’ai entendu son point de vue, j’étais pris de court. Je lui ai expliqué à quel point cela me surprenait que le Japon soit considéré ainsi à l’étranger, parce que la plupart des Japonais pensent justement le contraire. Je lui ai demandé ce qu’elle entendait par « visionnaire », et elle m’a répondu: « contrairement aux pays occidentaux, le Japon encourage la coexistence du passé et du présent, de l’ancien et du nouveau, en créant des liens entre les deux ». Je me souviens que sa réponse m’a énormément inspiré.

Quelle place tiennent vos racines japonaises dans votre travail, ainsi que la tension entre passé et présent, tradition et innovation dans la culture japonaise ?

Paola avait avait émis l’hypothèse que la « vision » propre aux Japonais pourrait proviendrait du fait que le Japon est sujet à de nombreuses catastrophes naturelles. Ces derniers temps, on a fréquemment utilisé le terme « résilience » pour nous décrire. Ce qui m’est venu à l’esprit, c’est que ce pouvoir est sans doute un attribut ancré dans l’héritage des Japonais, et que cette spiritualité est peut-être au cœur de l’esthétique japonaise.

Pouvez-vous nous parler de votre œuvre présentée dans le cadre de VISION GATE, et la différence qu’il y a pour un artiste à exposer dans un aéroport au lieu d’une galerie ?

Les considérations de Paola ont été le point de départ de cette œuvre. « TSUGI » représente le réchauffement climatique causé par l’interférence excessive de l’homme avec la nature. Nous avons utilisé l’imagerie satellite et la méthode japonaise du « kintsugi » (qui consiste à réparer des porcelaines ou céramiques brisées grâce à de la laque à laquelle on ajoute de la poudre d’or) pour représenter la Terre et la nature en train de se rétablir. Il s’agit d’une esthétique née de la résilience du peuple japonais. Elle incarne une lueur d’espoir. Exposer notre travail dans des terminaux d’aéroport signifie qu’il y a une forte probabilité pour que notre œuvre soit l’une des premières expériences de l’esthétique japonaise que feront les visiteurs. Nous avons créé cette pièce en espérant qu’elle réconfortera les voyageurs fatigués après leur long voyage.

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