Alexandre Cammas
Quinze ans de Le Fooding
Il ne faut pas oublier que nous descendons de Jean-Francois Bizot
Après quinze années sur les chapeaux de roue, Alexandre Cammas, créateur du Fooding, a plus d’une bonne raison de célébrer cet anniversaire flamboyant. À cette occasion, il nous parle de la réussite de son concept, de sa relation avec les médias et de sa vision du réseau. Rencontre.
Le Fooding, 15 ans et toutes ses dents ?
Plus de dents encore, mais pas les mêmes…
Les partenaires ont un rôle crucial dans le succès de l’institution Fooding, et elles vous semblent fidèles, comme San Pellegrino ou Mastercard. Comment interagissez-vous ensemble ? Qu’est ce qui rend le Fooding si attractif auprès de ces marques ?
C’est grâce aux marques que nous sommes un média libre, que nous pouvons payer nos additions dans les restaurants et garantir notre indépendance, que nous pouvons produire des événements aussi éditoriaux et radicaux que «La Revanche des Faubourgs» … Nous sommes à leur écoute, et jouons la carte de la rencontre à mi-chemin : ils nous briefent, et on propose en retour quelque chose qui puisse répondre à leur problématique de marque tout en restant dans l’esprit Fooding. Comme par exemple ce que nous faisons toute l’année avec les «Priceless Soupers» pour MasterCard.
Vous n’avez pas seulement contribué à faire connaître de très bonnes tables, mais aussi à la langue française, puisque vous êtes l’auteur de plusieurs néologismes…
Nous avons créé au Fooding un grand nombre de mots : «bistronomie», «cave à manger»… Si c’est un mérite, c’est seulement celui d’être un observateur incisif de la scène gastronomique et de poser des mots sur des choses ou des phénomènes qui existent, mais qui n’ont pas encore trouvé leur nom.
Le Fooding est aussi un grand réseau de chefs, de journalistes, de people et de créatifs en tous genres…
C’est un réseau de personnes éveillées, attentives aux autres, curieuses, jamais gogo, créatives car en lutte contre l’ennui, en mouvement permanent, qui se retrouvent naturellement autour de projets joyeux (le plus souvent) qui ont du sens… C’est une branche un peu verte de l’arbre bizotien. Il ne faut pas oublier que nous descendons de Jean-Francois Bizot…
Justement, parlez-nous de cette relation avec Jean-François Bizot.
Je savais écrire. J’avais des idées. Il m’a décapsulé. Et m’a appris, entre autres, à « faire un journal ». C’est un métier de journaliste bien à part « faire un journal »… Que les jeunes générations de journalistes enterreront bientôt. Poser un titre qui légende en même temps une photo, créer des respirations malgré ou grâce à la pub, redistribuer un chemin de fer… « Faire un journal » c’est un peu comme être le curateur d’une expo sous forme de tabloïd. Le même soin devrait être apporté dans les moindres détails.
Parmi les chefs que vous avez contribué à faire connaître, lequel vous a le plus touché?
Beaucoup de chefs nous ont émus, pour des raisons très différentes ; je préfère n’en citer aucun car l’inverse supposerait que j’en oublie plein…
Avec son succès, le Fooding est devenu une vraie référence et pourrait même être capable de faire la pluie et le beau temps dans la bistroterie parisienne. Vous sentez-vous porteur d’une responsabilité auprès du milieu et du public que vous informez ?
J’avoue que depuis que nous sommes conscients que nous remplissons les restaurants, et pas seulement à Paris, on flippe un peu plus qu’avant quand on poste un article louangeur sur une adresse à peine ouverte et donc encore fragile… Récemment par exemple, on est allés quatre fois dans un restaurant, avant de décider de ne pas le chroniquer…
Votre plus grande réussite Fooding, en 15 ans?
Le fait d’être toujours là, sans concurrent sérieux, malgré les prophéties et les pronostics plombants des gastronomes bedonnants et des branchés anorexiques dans les années 2000.
Fooding rime-t-il avec Famille ?
Oui. Composée, recomposée, rerecomposée, rererecomposée…
De qui se constitue votre garde rapprochée?
Marine Bidaud, mon associée depuis 2004, le noyau dur de la rédaction et du bureau, ma famille bien sûr, de toutes les aventures. Et forcément notre public et nos partenaires les plus fidèles (S.Pellegrino, MasterCard, Pernod-Ricard…).
Comment se déroulerait votre dîner idéal?
Dans la cour de ferme de notre maison dans l’Aubrac, saucisses ou côte de bœuf de Conquet à la cheminée, salades de Nathalie, flan de chez Fanguin et vins de chez Sergio, le sommelier de Bras, caviste à Laguiole, pain de chez Auriat…
Propos receuillis par Sabina Socol.lefooding.com/fr