Sarah Andelman
Rencontre avec la créatrice à la tête de Just An Idea
Insatiable inspiratrice, Sarah Andelman signe avec le dessinateur Jean Jullien, un espace au Bon Marché. En lumière: le livre, et sa puissance créative.
« J’envisage mon travail avec sérieux mais je refuse de me prendre au sérieux »
Vous êtes à la tête de Just An Idea. De quoi s’agit-il ?
Sarah Andelman :
Je vous dirai volontiers qu’il s’agit d’un cabinet de conseil mais je n’aime pas trop le formalisme de l’expression. C’est plutôt une structure que j’ai fondé après la fermeture de Colette qui me permet d’accompagner les marques au sens large. Mode, galeries d’art, parfumeurs, boutiques, édition d’ouvrage, Just An Idea ne s’interdit rien. La seule chose qui guide mes choix, c’est d’être en mesure d’apporter de la nouveauté, du sens et si possible, sans se prendre au sérieux.
Quelle a été la mission que vous a confiée le Bon Marché ?
Sarah Andelman :
Le Bon Marché organise très régulièrement des expositions avec des artistes. Je connais Jean Jullien depuis une quinzaine d’années. Son trait doux, aux atours enfantins mais porteur de sens, a toujours résonné en moi. Chez Colette déjà, nous avions fait appel à lui à plusieurs reprises. Ses personnages dessinés investissant le réel apportent une poésie qui a plu au Bon Marché. Leurs équipes et la direction artistique du magasin ont fourni un travail formidable qui permet à l’univers de Jean Jullien et des autres artistes présents dans l’exposition de cohabiter avec harmonie.
Les livres, les lettres, l’écriture sont célébrés dans cet espace comme jamais auparavant. Que vouliez-vous faire passer comme message ?
Sarah Andelman :
Comme tout un chacun, je suis pendue à mon téléphone, mais je m’efforce de me réserver du temps à la lecture. Je ne vais détailler les innombrables vertus de la lecture, du papier, des livres que tout le monde a en tête. Nous voulions avec Jean Jullien remettre le livre au centre de cette exposition, quel que soit son propos. Qu’il s’agisse de roman, de poésie, de bande dessinée, de photo, d’essai ou d’ouvrage d’art, l’exposition rassemble tout ce que nous aimons.
Au delà des livres, on serpente parmi mille et uns objets, dans un éclectisme qui n’est pas sans rappeler celui de Colette…
Sarah Andelman :
J’ai toujours aimé les collaborations. Chez Colette, cela a été un de nos piliers. Aujourd’hui, ce principe est omniprésent. Il n’était pas question de s’en priver. J’ai donc demandé aux marques que j’aime, aux artistes dont le travail me touche, de me faire des propositions originales autour de l’écriture, la lecture, le livre, le papier. Par exemple, le chocolatier La Mère de Famille: ils ont développé une « collection littéraire » de chocolats avec des jeux de mots amusants, le livre « Il était un oeuf » et pour s’amuser on a complété avec la chasse aux oeufs ! Ces idées m’ont plu, je les ai donc embarquées dans l’aventure. Il faut que ce soit ludique, beau et inattendu.
Le principe du détournement est donc au centre du dispositif ?
Sarah Andelman :
C’est plutôt une interprétation qu’un détournement. Tous les contributeurs ont imaginé comment s’emparer de cette épopée littéraire tout en restant dans leurs champs d’application. Au premier étage, “Just an idea and friends”, on peut découvrir par exemple le travail photographique de Charles Bebert rassemblé dans un livre. Il fût l’un des premiers reporters à fournir des photos aux agences de presse, le mobilier d’Aline Asmar d’Amman, les créations d’Inès Melia, ou le travail typographique de Yorgo Tloupas. Au rez – de -chaussée, des librairies qui me sont chères et venues du monde entier m’ont confié leurs plus beaux ouvrages. Ofr à Paris , Cow books à Tokyo, ou encore The Stand à New York. Mais on trouve aussi de la joaillerie comme l’alphabet de Charlotte Chesnais, la bougie “Papier” de Diptyque ou un plat en forme de livre ouvert signé Astier de Villatte. Pour la mode, APC, Kitsuné, Figaret, AMI ou encore Thom Browne ont proposé des imprimés inspirés par ce thème…etc
Quels sont vos projets futurs ?
Sarah Andelman :
Nous sommes mi-mars et certaines marques me sollicitent pour les Jeux Olympiques qui sont dans trois mois. Ces projets m’intéressent mais les délais vont m’obliger à me pencher vite et ardemment sur ce sujet ! Je vous laisse !
Propos recueillis par Nicolas Salomon
Photos : Jean Picon