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21.01.2025 FHCM #mode

Pascal Morand

Rencontre avec le président exécutif de la fédération de la Haute Couture et de la Mode

“La Fashion Week, RSE, l’IA, les modèles économiques et bien d’autres sujets, la Fédération ne manque jamais de chantiers ! ”

Son regard d’azur réconfortant vous toise un peu du haut de son 1,95 m. Les épaules larges dans sa veste forestière parfaitement ajustée, Pascal Morand vous accueille baskets aux pieds avec un large sourire dans cet appartement qui abrite la Fédération de la Haute Couture et de la Mode et ses structures précédentes depuis 1937, à un jet de pierre de la Place Beauvau. Diplômé d’HEC, fasciné par le pouvoir des religions, cet économiste, mathématicien et musicien a dirigé l’Institut Français de la Mode (IFM) de 1987 à 2006, peu après sa création, alors qu’il était encore un néophyte dans l’univers de la mode. Également professeur à l’ESCP qu’il dirige un temps, écrivain, conseiller pour différents gouvernements, siégeant dans une constellation d’institutions de tailles et de visées différentes, il est président exécutif de la puissante Fédération depuis 2016.

Comment votre aventure dans la Mode a-t-elle débuté?

PASCAL MORAND : 

Un peu par hasard, en 1987. L’IFM venait tout juste d’être fondé par le regretté Pierre Bergé. C’était balbutiant. Quand j’ai été approché, il y avait eu un précédent directeur qui n’était resté qu’un an. Pierre Bergé était très visionnaire. Il savait que l’avenir de la mode passerait par la formation. Je ne connaissais pas cette industrie. A cette époque, j’avais une carrière académique en tant qu’enseignant-chercheur et directeur de programmes. J’avais en particulier créé les Mastères Spécialisés à l’ESCP et je jouais du synthé dans le groupe de rock “King Lear” qui devint ensuite “Fraude fiscale”!

Il m’a demandé si j’aimais l’opéra. J’ai dit que oui, mais que je préférais le rock et la new wave. On avait fait quelques concerts et un titre qui a eu un petit retentissement, tout ça lui a plu. Et puis bien entendu, en homme d’affaires avisé qu’il était, mon profil d’économiste résonnait aussi car cela permettait d’avoir une double casquette, à la fois espiègle et sérieuse.

On sent que l’enseignement vous tient à cœur, vous le professeur. Quel est le rôle de l’IFM?

PASCAL MORAND :

La montée en puissance des groupes et marques de mode de la Paris Fashion Week nécessitaient de créer une école d’excellence formant des profils permettant d’accompagner ce développement. La fusion en 2019 entre l’Institut Français de la Mode et l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne a permis la réunion des profils de managers, de créatifs et les métiers du savoir-faire. A l’image du leadership mondial français, une école de référence comme l’IFM est indispensable.

Et celui de la fédération ?

PASCAL MORAND :

La Fédération a deux piliers d’activité : elle est à la fois une organisation événementielle et professionnelle. Elle organise la Paris Fashion Week et la Semaine de la Haute Couture qui sont structurées autour de leurs Calendriers Officiels. Elle assure leur bon déroulement renforcée par ses partenariats officiels à l’instar de l’Oréal Paris et du DEFI (Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement). Les Maisons défilant ou présentant pendant ces événements sont soit Membres de la Fédération soit sélectionnées par des commissions des Calendriers Officielsse réunissant chaque saison.

 

En tant qu’organisation professionnelle, la Fédération est là pour représenter ses membres et défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics et des instances françaises et européennes. Nous avons cinq Commissions, juridique, sociale, formation, paritaire et Innovation & développement durable qui alimentent un flux d’information permanent pour les membres. Elles permettent des moments d’échanges entre experts des différentes Maisons et un partage de l’information afin que les sujets puissent être traités collectivement. Nous avons par ailleurs une politique active de soutien aux marques émergentes. La Fédération est présidée par Bruno Pavlovsky et pilotée par son Comité Exécutif. Elle comprend 100 membres dont un tiers de marques non basées en France.

Quels sont les enjeux qui traversent l’industrie ?

PASCAL MORAND :

Il y en a un auquel tout le monde pense depuis longtemps, c’est la responsabilité sociale et environnementale.  Les Maisons de mode créative ont pris de nombreuses mesures et doivent se conformer aux règlementations françaises et européennes, démarche dans laquelle nous les accompagnons. Il nous faut également veiller à ce que les règlementations à venir ne soient pas un casse-tête supplémentaire pour les petites et moyennes entreprises.

 

Et puis il y a l’enjeu de la révolution digitale, et particulièrement aujourd’hui l’intelligence artificielle. Si la contrefaçon a été le grand combat des créateurs jusqu’alors, celui de demain est forcément la nouvelle proposition de valeur créative que va générer l’intelligence artificielle.

La semaine de la couture bat son plein : vous réussissez à dormir ?

PASCAL MORAND :

Cette semaine est très stimulante pour moi et l’équipe de 25 personnes de la Fédération, par sa brillante offre et diversité créative.

 

Propos recueillis par Nicolas Salomon

Photo : Jean Picon

 

 

 

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