Mélanie Leroy
Rencontre avec Mélanie Leroy
A la tête de l’organisme qui pilote tant Maison&Objet que Paris Design Week, Mélanie Leroy nous a accordé une interview la veille de ce double évènement. La jeune création, l’empowerment féminin, l’explosion des concept stores, les installations artistiques dans des lieux historiques, Mélanie Leroy balaye avec nous tout l’éventail de ces deux moments forts de la rentrée.
« Pour Paris Design Week, nous cherchons à démocratiser le secteur et à l’ouvrir à un très large public »
En mars 2023, vous êtes nommée à la direction générale de la SAFI. Pouvez-vous retracer votre parcours ?
Mélanie Leroy :
Avoir travaillé dans plusieurs secteurs me permet d’appréhender Maison&Objet dans son ensemble. Après un parcours retail varié, à des postes de direction marketing, commercial et digital, dans des groupes exigeants centrés sur le client, j’ai pris un virage tech il y a 6 ans. Ce sont ces différentes expériences qui me permettent d’appréhender rapidement, avec l’aide de mes équipes, les enjeux des exposants et des visiteurs. Mon idée était vraiment de développer les deux aspérités de M&O : sa désirabilité par le décryptage des tendances et son rôle de business partner pour les professionnels.
Vous pilotez la direction de Paris Design Week et le salon Maison&Objet qui sont deux événements très attendus : quels sont les enjeux de leur organisation ?
Mélanie Leroy :
Pour Maison&Objet, deux fois par an, nous couvrons tous les besoins du secteur. Nos clients viennent du monde entier, plus de 60 pays, et représentent plus de 2500 marques. Quant aux visiteurs, ils sont étrangers à 45%. La résonance du salon est véritablement mondiale.
Pour Paris Design Week, nous cherchons à démocratiser le secteur et à l’ouvrir à un très large public. Si le design intéresse de plus en plus de monde, il reste pour certains encore un peu intimidant. Notre objectif est de faire découvrir les nouveautés, marques, tendances, et offrir une proposition globale aux visiteurs.
Comment le salon Maison&Objet accompagne-t-il les plus petites entreprises et jeunes designers dans leur développement ?
Mélanie Leroy :
Nous nous sommes positionnés comme un incubateur de talents émergents du design en créant 3 programmes. Le premier, Future On stage : un révélateur de talents français et internationaux, qui récompense des entreprises de moins de 3 ans qui ont un temps d’avance sur l’innovation, le business et la créativité dans l’univers du design. Le deuxième, Rising Talents Awards : un prix pour les jeunes designers les plus prometteurs d’un pays à chaque session, ayant moins de 35 ans et ayant fondé un studio il y a moins de 5 ans. Pour cette édition, les pays scandinaves sont à l’honneur. Enfin, le troisième, Paris Design Week Factory, promeut l’avant-garde du design au travers de 4 adresses à Paris : Espace Commines, Galerie Joseph Froissart, Galerie Joseph rue Turenne et Galerie Elia.
Parlez-nous du thème Terra Cosmos qui a été retenu pour le salon Maison&Objet : comment a-t-il été choisi ?
Mélanie Leroy :
Nous nous sommes appuyés sur l’expertise de Peclers Paris, l’agence de conseil en stratégie créative bien connue, dont l’analyse des grandes tendances globales fait autorité. Ce thème, Terra Cosmos décrypte les nouveaux désirs et les attentes de consommateurs en quête d’expériences totales. Une vision prospective cosmique, mais bien ancrée dans la réalité, à découvrir au cours de votre expérience salon.
Le programme de la Paris Design Week est fourni, avec plus de 400 adresses, galeries, showrooms et monuments de la capitale ouvrent leurs espaces au public. Pouvez-vous nous donner quelques œuvres, expositions ou installations qui vous ont particulièrement marquées ?
Mélanie Leroy :
Revisiter Paris au travers de lieux emblématiques et historiques qui ouvrent leurs portes avec des installations portées par Paris Design Week dont ses fameux « hôtels » : celui de la Marine par Uchronia et Renard, de Soubise avec Lucas Huillet Fontaine, d’Albret via Muji mini House, et enfin de Sully dont Paul Cocksedge s’est emparé.
Et mention spéciale pour la Bibliothèque de la ville de Paris avec Village Palace, qui furent choisis en leur temps par la PDW factory, notre cellule de détection des jeunes talents. Cela prouve que nous offrons aussi la possibilité pour de jeunes créatifs d’avoir une vraie évolution de carrière.
Quelle est votre vision à long terme pour le développement de vos missions ?
Mélanie Leroy :
Pour Maison&Objet, les concepts stores sont au cœur de nos préoccupations. C’est le type même de nouveau commerce qui mélange mode, décoration, food, le bien être, la beauté… etc, s’affranchit des saisons, et croise les univers que nous voulons développer. Il y en a désormais dans tous les pays, et prennent des formes différentes en écrivant les nouvelles règles du commerce. Or précisément, le salon permet à tous ces univers de se retrouver au même endroit désormais. Nous y croyons beaucoup. Les architectes d’intérieur sont également un enjeu majeur dans les évolutions et solutions que nous leurs apportons. C’est pour nous essentiel de leur proposer des pièces fortes qui feront la singularité de leurs projets, dans la continuité de l’offre présentée sur Paris Design Week. Nous faisons d’ailleurs des relais de pièces fortes présentées sur Paris Design Week dans les espaces d’animation de Maison&Objet, dont notamment l’espace « What’s New? In Decor » d’Elizabeth Leriche. Je pense entre autres à Semeur d’étoile, Atelier Tortil ou Alain Ellouz.
L’autre axe de développement est l’empowerment féminin. Si tout le monde commence à en prendre conscience, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons créé Women&Design, un nouveau réseau pour assurer la représentativité des femmes au niveau international dans le secteur du design et de l’art de vivre. Sa mission : identifier, valoriser et faciliter les échanges entre les femmes du monde entier qui portent des innovations, redéfinissent les normes et ont un impact significatif sur cette industrie. Nous avons prévu également des talks de femmes inspirantes qui partageront conseils et expériences sur ce sujet.
Propos recueillis par Nicolas Salomon
Photos : Jean Picon