Serge Laurent
Serge Laurent. Directeur des programmes Danse et Culture de Van Cleef&Arpels
« A travers la danse, nous défendons trois valeurs fondamentales de la maison : création, transmission et éducation »
Alors que le festival « Dance reflections byVan Cleef&Arpels » s’ouvre à NYC ces jours-ci, nous avons interviewé son directeur. Il nous parle du parcours singulier qui l’a mené jusqu’à la danse, et l’importance de cet art dans le cœur du joaillier, depuis les années 40.
Comment a débuté votre parcours ?
Comme celui d’un étudiant en histoire de l’art, à l’école du Louvre. J’étais passionné par l’Égypte ancienne. Une civilisation très portée sur les bijoux ! A l’époque, bien que je suis à mille lieues de penser à la joaillerie, j’ai intégré la fondation Cartier. Nous sommes au début des années 90. Avec pour projet fou de réunir le fameux Velvet Underground de la Factory fondée par Andy Warhol. Après ce premier succès, j’ai mis en place les soirées Nomades de la fondation où se croisaient différentes disciplines : peinture, sculpture, animation, chorégraphie… Sans doute est-ce là que je me sensibilise à la danse. Je poursuis mon aventure au Centre Pompidou après une rencontre avec Jean-Jacques Aillagon avec pour mission de mettre en avant les spectacles vivants. Et alors que nous mettons l’accent sur la danse, Van Cleef & Arpels devient mécène du centre Pompidou en 2015.
Quel lien existe-t-il entre la maison et la danse ?
Il remonte aux années 40 où la ballerine devient l’une des figures emblématique de la Maison, portée par la passion que nourrit Louis Arpels pour la danse. A la fin des années 40, c’est au tour de Claude Arpels, son neveu, de faire la rencontre du célèbre chorégraphe George Balanchine, qui donnera lieu à la création d’un ballet intitulé « Joyaux », présenté pour la première fois à New York en 1967. Puis c’est en 2012 que Benjamin Millepied initie un partenariat avec la Maison à l’occasion du lancement de sa formation L.A Dance Project.
La danse contemporaine, c’est un art entier, sans artifice, qui magnifie le mouvement. De la même façon que nos joailliers le font avec les bijoux. Lorsque je rencontre Nicolas Bos (le président de Van Cleef & Arpels) en 2015, nous ne tardons pas à trouver en la danse un territoire d’expression naturel.
En quoi consiste « Dance Reflections By Van Cleef & Arpels » ?
C’est un festival de danse itinérant initié en 2020 que nous présentons dans des villes différentes. Il y a eu Londres, Los Angeles, Hong Kong…nous allons à New York à la fin de ce mois d’Octobre. Nous y défendons trois valeurs : la création, la transmission, et l’éducation. Nous voulons désinhiber, initier et peut-être dédramatiser la danse. Pour cela nous proposons à tout un chacun de venir participer. Sans doute tient-on ici une des différences fondamentales entre la danse contemporaine et la danse classique, qui est très intimidante. La danse contemporaine, si elle est tout aussi exigeante artistiquement, a su se débarrasser du carcan. Cela permet à tous ceux qui en expriment l’envie de venir « expérimenter » avec nous la joie que procure cet art chorégraphique. Chacun peut découvrir son corps, quelle que soit sa corpulence, et sa formidable capacité à danser.
Quelles sont les institutions qui vous suivent ?
Au travers de la quarantaine de partenaires que nous avons essaimé à travers le monde, nous soutenons des conservatoires, des théâtres, des cours de danse pour ceux qui ne pourraient se les offrir, proposons en ligne toute sorte de contenu tenant à la danse et mis à disposition de tous. Dance Reflections by Van Cleef & Arpels soutient le Festival d’Automne à Paris pour la quatrième année consécutive. Vingt-deux spectacles de danse sont concernés parmi les quatre-vingt rendez-vous proposés dans plus de soixante-dix lieux parisiens et franciliens. Notre spectre est extrêmement large, il va des premiers ballets contemporains des années 70 à la Horde, ce collectif de trois artistes créé en 2013, qui opère à la direction du Ballet national de Marseille. Pour résumer, je considère que mon travail est de soutenir la création contemporaine au sens large via ce canal qu’est la danse. Et pour cela, j’ai la chance d’être soutenu par une manufacture qui partage cette vision.
Propos recueillis par Nicolas Salomon
Photos : Jean Picon