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21.12.2012 Paris X

Twin Twin Oh Yeah

Depuis leur passage dans un bar du 18E arrondissement, le trio impose doucement – et sûrement – sa griffe flashy « Twin Twin Music » emplie d’énergie et d’amour, à la ville comme à la campagne. « Plus il y a de monde, plus c’est facile » pour les jumeaux (François et Lorent) et leur beatboxer Patrick, qui rêvent de scènes à la MUSE. La « Pop de stade » les intrigue donc, un succès à la Black Eyed Peas les titille. Les géniteurs de Twin Twin? NTM, Etienne Dao, George Clinton, Miles Davis, Bootsy Collins, Lunatic, (…). A l’heure où la guerre des groupes ne se joue plus en première partie, Saywho a retrouvé les Twin Twin (Oh Yeah!), pour parler le coup et faire le point sur leur parcours et leurs rencontres, avant l’intronisation d’un nouveau (live) batteur dans le groupe et la sortie de leur premier album. Rencontre avec les danseurs d’Alizée d’un jour, les défricheurs de style de toujours. 

Twin Twin Oh Yeah: c’est qui, c’est quoi, et ça s’est fabriqué comment ? 

François Djemel:  Je suis bassiste dans le groupe. J’ai commencé par être assistant caméra dans le cinéma, et je jouais de la funk et du jazz en parallèle… Ensuite j’ai commencé par jouer dans des groupes de rock, de hard rock alors que j’étais fan de George Clinton et de funk. Du coup j’ai découvert un autre univers musical qui me changeait du groove, du jazz, etc. Avec mon frère jumeau Lorent, on a écrit un film qu’on a réalisé (chez Why Not Productions, la boîte qui avait remporté la Palme d’Or avec le film Le Prophète à Cannes ndlr). On ne pensait pas du tout faire de la musique à ce moment-là. Lorent était assistant réalisateur, on habitait dans une petite maison à Montreuil. On a monté Twin Twin il y a à peu près trois ans. On a rencontré Patrick (le troisième membre du groupe ndlr) à Montreuil. On faisait un truc avec un jazzman, François Jeanneau, un vieux Monsieur de 71 ans…

Lorent Idir: … Qui a crée la classe « jazz improvisation ». Il était saxophoniste de Claude François quand il était jeune… Toute notre adolescence, c’est le hip hop, la danse, le graffiti, les terrains vagues… C’est pas vraiment « Paris ». Quand on allait à Paris, on était étonné de voir des gens de notre âge – 12/13 ans – qui étaient habillés trop bien alors que nous on s’habillait aux puces de Montreuil. C’est peut-être pour ça qu’on aime autant les fringues d’ailleurs, on trainait beaucoup dans les marchés, on voyait beaucoup de choses insolites…

F: On avait un projet qui avait un peu rien à voir avec ce qu’on faisait, un peu avec de la poésie et un saxophoniste, et on cherchait un beatboxer. « Notre gar » (Ezra) n’était pas là ce jour-là. On connaissait un peu Patrick de loin, il jouait avec pleins d’artistes différents. Il bougeait partout, ultra dynamique. Du coup, on l’a appelé et il est venu. On jouait dans un cinéma (projection d’un film ndlr). On a appris qu’il venait du 77 et qu’il voulait venir habiter un peu plus près de Paris. Comme on avait un peu de place chez nous, on lui a dit de venir. Voilà comment on a monté le groupe. 

L: Au début on était un peu plus comme des collocs, on avait chacun d’autres groupes et puis petit à petit on faisait un peu de musique ensemble en rentrant les soirs et ça a démarré comme ça… Moi j’ai toujours été un peu dans les textes. J’ai sorti un roman chez les éditions Rivages (éditeur de romans noirs ndlr). Ils ont édité James Roy, Edward Bunker (…). Parallèlement à ça je faisais beaucoup de slam, dans pleins de salles parisiennes et d’ailleurs. Après avoir monté le groupe, on a commencé à faire des petits concerts dans des bars et on a été remarqué au restaurant « Le Floors » (18E) par Marie Audigier qui bossait chez Naive à l’époque. Elle a commencé à nous manager jusqu’à trouver un tourneur, Dans la boîte – avec qui on a fait pleins de scènes (environ 220 concerts). Beaucoup de 1ères parties… On est parti en Colombie, au Canada, en Suisse, l’île de la Réunion, en Belgique… 

Patrick Biyik: Avant Twin Twin, je faisais du théâtre (3 ans). J’ai arrêté et je me suis lancé dans la musique. J’ai joué avec pleins d’artistes différents: Hindi Zahra, Daby Touré, Ezra… 

Votre styliste Andrea Crews vous aime tellement qu’elle se serait mise à nu dans l’un de vos clips. Racontez-nous un peu la bloc party au Palais de Tokyo (Brunch Bazar de Noël). La Clique s’est désapée pour Twin Twin?

L: On devait faire un show mais finalement il n’y avait pas ce qu’ il fallait en son… Plein de petites choses qui ont fait qu’on s’est dit que ça ne servait à rien de faire quelque chose de pas très bon « qualitativement ». C’est un grand espace donc tu ne peux pas te permettre de faire un truc moyen pour les gens donc on a annulé… Mais on est quand même passé voir les copains.

Voir Nadège Winter & co.

L: Ouais! On était un peu déçu de ne pas pouvoir le faire d’ailleurs, mais on jouera une prochaine fois pour elle dans de meilleures conditions. 

P: Je me rappelle de la Vogue Fashion Night Out 2012 avec Nadège. Kenzo voulait casser « ses codes traditionnels » et Nadège avait organisé un event « jeune » et « street ». Un tas de gens sont passés et nous ont dit que c’était un bête d’event. Et j’ai rencontré Marawa (The Amazing) à cette occasion, une meuf qui est capable de faire tourner 200 cerceaux autour d’elle… 

D’ailleurs vous vous êtes rencontrés où, quand et comment avec Maroussia Rebecq (le guru du collectif Andrea Crews, ndlr)? 

F: Quand on ne connaissait personne à Paris, on a croisé une copine qui allait à la fac avec nous et elle nous a dit qu’on lui faisait penser à une amie avec notre dégaine colorée… Elle nous a recommandé la boutique de cette amie « Andrea Crews » qui était à Pigalle à l’époque. Donc on y est passé. On ne la connaissait pas et on lui a demandé de nous filer des fringues pour nos concerts. On s’est connu comme ça en fait…  

L: Ensuite on s’est dit qu’on allait faire une teuf pour se connaître vraiment. C’était il y a deux ans et demi, chez Régine. Et depuis on est devenu potes. 

Et depuis, vous vous habillez « Andrea Crews » tous les jours.

F: Ouais ça nous a permi d’amplifier nos caractères pour la scène. 

L: C’est pas du déguisement, ça fait vraiment parti de nous. 

F: Nous sommes des anciens danseurs de hip hop. Dans les débuts, avant que ça devienne le rap que l’on connait, ça s’appelait la « zulu nation » – l’idée sociale étant de pacifier les quartiers. Les mecs de la « zulu nation » mettaient leur joie de vivre dans tout ce qu’ils faisaient (couleurs, graffiti, etc.). Notre côté flashy traduit notre besoin de communiquer de la bonne énergie – on en a tous besoin au final. 

Depuis l’ouverture de votre page MySpace (Mars 2010 ndlr), vous avez fréquenté des beaux lieux et du beau monde. Le lieu et la personnalité qui vous ont le plus marqué ? 

L: Nina Hagen! Elle nous a bien marqué parce qu’elle est un peu barrée en fait. On l’a rencontré durant un festival dans le Lot. On jouait avant elle, on n’était pas sûr de pouvoir l’approcher et finalement elle est venue nous voir et nous a dit qu’elle avait vachement aimé notre concert. Elle voulait « nous bénir » [Rires]. Un super souvenir… Après on a rencontré tellement de zicos, on a appris de tous les gens qu’on a eu la chance de rencontrer: Philippe Katerine, Soprano, David Guetta, Gloria Gaynor… Je dirais Agnès b., également. Suite à notre rencontre, on a organisé un événement d’une semaine chez elle – avec des expos, des projections, un concert… Et ça nous a permis de rencontrer pas mal de monde, et sa collection d’art impressionante. Une personne toute simple, une grosse travailleuse.

F: Moi j’ai un autre souvenir très fort: la maison d’arrêt de Villepinte. On a joué dans un espèce de terrain de basket, comme dans un vieux collège municipal tout pourri. Il y avait plein de chaises en plastique blanches, une petite scène, … Et je me rappelle de François, un grand black, bodybuildé avec des tatouages partout. Il n’était pas assis, le seul à rester au fond et débout. Il dansait comme un fou. Il avait fait un bandana avec son tee-shirt. On voyait qu’il profitait du concert pour « s’enfuir » un peu. C’était mortel ce souvenir là. Aussi, Olivier Mulin (styliste de Paul & Joe ndlr), chez Moune (à l’époque des travaux ndlr). Cette rencontre m’a permis de découvrir le vrai « chic ». C’est une personne très élégante et j’ai adoré ça. 

P: Avec François Djemel et son jean jaune! Au tout début du groupe je m’habillais à l’arrache et quand je l’ai vu, j’ai rigolé [Rires]. Trois ans plus tard, je porte des leggings. Rencontre déterminante car ça me montre à quel point on peut changer. C’était au Bar du Marché à la Croix-de-Chavaux à Montreuil (tenu par les frères de L’Alimentation Générale ndlr), un lieu haut en couleurs… Autrement, Orelsan et son équipe (Adrien Floor, Dany Synthé, Gringe, Ablaye, Eddy, …). On l’a rencontré après la sortie de son premier album et le gar est juste trop simple, trop sympa, accessible – un bon exemple à suivre. Big up à Orelsan et toute son équipe, ils connaissent la nature vraie du métier [Rires]. 

Rassurons-nous, pas de fin du monde prévue pour aujourd’hui. Ce serait la fin d’un cycle de 5125 années dans le calendrier maya, c’est tout, pas de cataclysme planétaire… Et si c’était vrai, la meilleure fin du monde by Twin Twin Oh Yeah?  

F: Je serais portier dans un petit théâtre. J’aurais tenu la porte à plein de gens et je les aurais regardés passer tout simplement, en attendant la fin. 

P: Je courrais dans la rue et je ferais des bisous à tout le monde. 

L: J’invite le maximum d’amis pour faire la fête, proches et moins proches, et petit à petit tout le monde ferait la fête… Une Twin Twin party géante! 

P: Donc moi je les croiserais et je leur ferais des bisous, et François leur ouvrirait la porte [Rires].  

Donc nous fêterons Noël en bonne et due forme… Vous souhaitez voir quoi au pied du sapin le 25.12?

P: J’ai toujours rêvé d’un frère jumeau…

L: C’est pour ça qu’il est dans Twin Twin! On est en train de lui créer son personnage « frère jumeau ». 

F: J’ai un cadeau que j’aimerais faire à tout le monde. Je suis en train de finir le jeu vidéo Twin Twin… Si tout va bien, on pourra tous jouer avec les Twin Twin bientôt, en mode « pixels », « années 80 » avec la musique etc. 

L: Que l’album de Twin Twin sorte, qu’il soit incroyable, qu’on me l’offre et qu’on me dise « Tiens, c’est cadeau! » [Rires]. 

Vous inviteriez qui, dans votre salon mondain ? 

F: Georges Brassens et Lino Ventura.

P: Et Booba! On se tapperait des bonnes barres de rires et on fumerait la pipe…  

L: J’inviterais Michel Berger également, pour lui demander comment il a fait pour écrire autant de chansons de ouf! 

 

Sortie du 1er album en avril 2013

Propos recueillis par Alexandra S. Jupillat

Photos et vidéo : Valentin Le Cron

 

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