19.09.2025 Grand Palais, Paris #design

Edgar Jayet

Un design contemporain nourri du passé

« J’ai besoin de ce contrepoint : une capitale où tout s’accélère, et une ville figée dans l’Histoire »

Grand passionné d’histoire, Edgar Jayet défend le principe que le passé a encore beaucoup à apporter au design contemporain. En 2021, alors qu’il était encore étudiant en architecture d’intérieur à l’école Camondo, il a remporté le Grand Prix Van Cleef & Arpels lors de la Design Parade Toulon, ce qui le poussera à créer son studio d’architecture d’intérieur et de design éponyme. Marqué par la Design Week et FAB Paris, septembre est un mois bien rempli pour le jeune designer, que nous avons eu le plaisir de rencontrer pour discuter de ses derniers projets et inspirations.

On se retrouve au FAB Paris 2025, au sein de l’espace Jeunes Talents, dont vous signez la scénographie. Comment le projet est-il né ?

EDGAR JAYET :

Le projet est né d’un échange avec Carole Blumenfeld et Mathieu Deldicque, naturellement ancré dans le dialogue que j’entretiens non seulement avec le Château de Chantilly mais avec la question de l’art ancien et du patrimoine de manière plus large. Le fait que l’espace Jeunes Talents soit pensé comme une porte d’entrée pour les grands marchands de demain et la profonde qualité de la sélection ont fini de me convaincre.

Comment avez-vous approché la conception d’un espace capable de faire dialoguer les œuvres issues de galeries différentes ?

EDGAR JAYET :

À la vue de la sélection à la fois très éclectique et très cohérente pour chaque marchand dans leur univers, j’ai pris cette hétéroclisme très XIXe comme grammaire d’assemblage. Alors que l’exposition sur John Sargent ouvre actuellement au Musée d’Orsay, je gardais en mémoire ses vues d’atelier et ce savant assemblage et dialogue entre les pièces. L’idée n’était pas d’uniformiser, mais d’orchestrer les œuvres selon un savant assemblage, pour créer des interrelations formelles ou symboliques, traversant les époques.

Votre travail est nourri de références aux maîtres anciens, parfois même au Moyen Âge : d’où vient cette fascination pour l’histoire du design et du mobilier ?

EDGAR JAYET :

Cette passion pour l’Histoire vient d’un véritable goût personnel, cultivé dès le plus jeune âge. Dès lors que j’ai commencé à créer et par conséquent à interroger cette création, je voyais comme évidence l’idée de s’inscrire dans une longue tradition, révélant l’épaisseur historique des formes plutôt que de la gommer.

2021 marque une année décisive pour vous. Lors du Design Parade Toulon, vous remportez le Grand Prix Van Cleef & Arpels, puis vous lancez votre studio, basé entre Paris et Venise. Pourquoi ce choix de villes ?

EDGAR JAYET :

Paris, c’est ma ville de naissance, mon ancrage et le centre névralgique des institutions et des collectionneurs ; Venise, c’est ma ville de cœur, celle que j’ai choisie pour une beauté omniprésente. J’ai besoin de ce contrepoint : une capitale où tout s’accélère, et une ville figée dans l’Histoire.

La Paris Design Week s’achève à peine, au cours de laquelle vous avez dévoilé une création conçue pour le Château de Chantilly et présentée dans les galeries du Palais-Royal. De quoi s’agissait-il ?

EDGAR JAYET :

J’y ai présenté La Chaise Chantilly : une réflexion sur la typologie de la chaise de musée, réalisée avec des artisans d’exception et pensée pour résonner avec le décor imaginé par Honoré Daumet. Cette commande spéciale du château relève de l’audace du choix d’une pièce sur-mesure s’inscrivant dans un décor exceptionnel, fabriquée par des artisans d’exception.

Quels sont vos projets à venir ?

EDGAR JAYET :

Des projets résidentiels à Paris, New York et sur la Côte d’Azur. De prochaines collections toujours en auto-édition et une participation exceptionnelle à Design Miami en octobre 2025 pour célébrer le centenaire de l’exposition des Arts Décoratifs. 

 

Photos : Michaël Huard
Propos recueillis par Say Who

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