S’attaquer au meilleur film réunissant Alain Delon et Romy Schneider est une périlleuse entreprise. Dans « La piscine » de Jacques Deray, l’un et l’autre sont au sommet de leur pouvoir d’attraction et la maison de Ramatuelle qui abrite leurs effusions est un pousse-au-crime. Dès lors, le remake américain, « A bigger splash », promettait d’être une tragédie. Il n’en fût rien. Porté par une Dakota Johnson incendiaire et un Ralph Fiennes au sommet de sa perfidie, le film est une réjouissance permanente. Plus intense que celui d’origine, plus cruel, il est aussi planté dans un plus beau décor : Pantelleria. Cette île mystérieuse coincée entre la Sicile et la Turquie, fouettée par le vent, demeure l’un des plus beaux diamants bruts d’une Méditerranée qui semble décidément inépuisable. Encore fallait-il remettre la main sur la fameuse bâtisse du film. C’est chose faite. Vielle ferme consacrée à l’exploitation d’oliviers prodigieux et de vignes ancestrales, cernée par une armée d’arbres fruitiers, Tenuta Borgia trône au sud-ouest de ce caillou volcanique, à une centaine de mètres de la mer à vol d’oiseau.

Son jardin dit arabe, un vase clos de pierres sèches, destiné à protéger du vent les essences les plus fragiles, demeure l’un des plus admirés d’Italie. La décoration intérieure participe elle aussi au charme unique de l’endroit. Les meubles et les sols que le temps a patiemment patinés s’accordent idéalement avec une cuisine rustique où tout se joue, et tout se cuit au bois. Enfin, la piscine et ses motifs de mosaïques, star du film, reste le terrain de jeu idéal de ceux que l’absence de plage chagrine. Mais bouder la mer pour cette seule raison ne résiste pas longtemps aux prodigieuses criques adjacentes et leurs eaux cristallines. Située sur un domaine de 12 hectares où figurent plusieurs bâtisses de tailles différentes, chacun devrait être en mesure de trouver son paradis sur cette île de la tentation.