C’est un curieux projet. Au milieu des années 90, un groupe punk anglais emmené par Pete Doherty secoue la capitale britannique et la scène underground. The Libertines, hurle le désenchantement d’une nouvelle génération d’égarés, et rencontre un succès retentissant. D’ailleurs, parmi les premiers fans, on trouvera notamment le directeur artistique Hedi Slimane qui leur dédiera un livre de photos, ou encore l’ex-top model Kate Moss qui partagera quelques années plus tard, la vie tumultueuse de Pete. Cette vie agitée mais aussi artistique, Say Who en fût témoin à de nombreuses reprises lors de ses performances parisiennes. Hélas comme souvent, cet élan bâtit autant qu’il ne détruit. Au fil du temps, de séparation en refonte, le groupe s’accorde sur la nécessité d’un point d’ancrage. Un lieu de vie, de création, qui leur permettraient de se retrouver, mais également de rencontrer ceux qui au-delà de leur musique, aiment leur style de vie. Déjà sponsor du club de foot de la petite station balnéaire de Margate situé à deux heures à l’Est de Londres, le collectif se met en quête d’y trouver un petit immeuble qui tiendrait lieu d’hôtel. C’est chose faite et il vient d’ouvrir ses portes. Du noir, du doré, de l’imprimé serpent et léopard, la décoration s’annonce comme le prolongement naturel des tenues du groupe. Avec son bar amplement fourni (on peut leur faire confiance), son studio d’enregistrement (là aussi), et sa cuisine locale réinterprétée par un jeune chef tatoué, le lieu sonne comme une nouvelle « factory Warholienne », et comme une des belles curiosités du moment.