Calvi, day III
Dimanche 8 juillet : c’est le jour du seigneur. Les lieux sont divins, ce qui nous exempte donc de prière dominicale. Jésus Christ est ressuscité des morts le troisième jour, nous disent les évangiles. Ca tombe bien, on y est…
Hier, ou devrait-on dire tôt ce matin, la fête s’est poursuivie jusqu’aux aurores dans les ruelles pavées de la ville. Pas très catholique, on le confesse, mais les afters faisant partie de la programmation officielle, on ne culpabilise pas de fermer les yeux à des heures si indues. Pas un nuage ne tâche l’azur du ciel, il fait déjà presque 30 degrés. On prend un petit déjeuner autour de la piscine, tout en combattant notre ennemi « www ». On le rebaptise « wwwec » : World Wide Web Excluding Calvi.
Sur la plage du Bout du Monde (pourtant la plus proche, allez comprendre), l’après-midi est consacrée à Ed Banger, qui s’y retrouve en it-crew pour une série de gigs électronico-parisiens. La french touch, parait-il. Les sons à la mode s’enchainent, d’abord So Me, puis DVNO, puis Victor Aime, le cadet du label. On se régale, mais on se demande si cette musique discontinue ne commence pas un peu à nous épuiser : le jour, la nuit, la radio de la voiture, la réceptionniste…
Texto d’une amie qui nous invite à déguster un planteur maison en bout de baie. On s’y hâte. En chemin, on donne quelques embrassades, et on croise des bimbos. En passant devant la plage Diesel In Casa, on s’arrête pour Pachanga Boys, qui nous montrent comment ambiancer une foule avec des platines et un bon sound system. Ce deux-là sont savants…
20h. Au sommet de la Citadelle se cache un endroit secret où le staff du festival déjeune et dîne. Un belvédère naturel à couper le souffle sur la baie de Calvi, du haut d’une falaise limée par les vents millénaires, et les montagnes en toile de fond, qui nous témoignent elles aussi de la force du temps. C’est d’ailleurs de là que quelques malins sans le sou zieutent les concerts du soir, par delà les cactus, par delà les barrières, et par delà tout bon sens de la sécurité. C’est le barman de l’hôtel qui nous l’a dit. Si la patronne savait ça, elle tournerait de l’oeil à coup sûr. Elle n’est pas commode cette femme, comme toutes les mamans du coin. Nous y avions donc rendez-vous pour grignoter « on the rocks » quelques victuailles avec le trio danois WhoMadeWho, qui allait quelques heures plus tard nous offrir le plus beau concert de l’année. Taboulé, rosé, café. On leur demande si ce Shangri-La méditerranéen les inspire. Ils nous répondent d’un oui franc et massif. Ca tombe bien, on avait apporté une guitare. Commence alors un boeuf improvisé de haute altitude, instant magique, applaudi sans vergogne par la poignée de bénévoles encore attablée. Say Who Made Who, en somme.
Ce soir, on ne manquera pas le show des trublions scandinaves, ni même les new-yorkais The Rapture. Break time.