Vendredi soir au Festival FNAC LIVE
Officiellement, ce festival d’été a pour vocation d’inaugurer la nouvelle édition de Paris Plage. En réalité, peu de gens le savent et préfèrent voir en lui un grand rassemblement 100% gratuit instigué par le géant de la distribution de produits culturels. Sur le parvis de l’Hôtel de Ville, avec pour voisin les quais fraichement ensablés du 1er arrondissement, la manifestation musicale plante le décor et bat son plein quatre jours durant au rythme d’une programmation ambitieuse et ouverte à tous les types d’oreilles. Nouveauté depuis 2013, elle s’invite jusque dans les salons d’apparat de la Mairie de Paris, en montant une petite scène annexe réservée aux fins d’après-midis. Arthur H, Christophe, Dick et Emilie de Biasio y ont notamment officié cette année, sous les ors boisés de la République.
Au fil de ses éditions, FNAC LIVE fait des émules et fédère une foule de curieux de plus en plus compacte, quitte à en devenir victime de son succès. Le week-end dernier, pour son opus #4, le parvis a carrément craqué sous la densité démographique : 35 degrés à l’ombre, des corps suintants, les rayons de bières environnants littéralement pillés de leurs contenus et, surpopulation connectée oblige, saturation générale des réseaux téléphoniques. Du coup, on se retrouve la où l’on peut, au détour d’une barrière de sécurité ou debout sur la fontaine. Joyeux salmigondis de verts et de trop mûrs, le rendez-vous agrège Paris dans toute sa diversité. Mission accomplie pour la Gauche triomphante !
Seul havre de paix dans ce no man’s land : la cour de l’Hôtel, qui accueille à l’abri des regards les plus privilégiés d’entre tous. Coquetterie suprême : le crash barrière devient cette saison accessible sur présentation du pass VIP, 5D en main ou pas. Quelle sensation de plénitude n’est-ce pas de se trémousser au pied de la scène, sans n’avoir fourni aucun effort pour y parvenir alors même qu’une bande de pré-ados – sous le cagnard depuis deux bonnes heures – se fait écraser du poids de la foule contre les pare-buffles ? Diabolique.
Côté musique, alors qu’Arthur H et Emilie Loizeau la jouaient à huis clos dans les étages, le meilleur line-up de la semaine se déroulait sur la grande scène extérieure : Two Bunnies in Love, Glass Animals, La Femme, Breton, Gaëtan Roussel, Pedro Winter & friends (ie Para One et Boston Bun). Du jeune et du confirmé, plus ou moins indé et plus ou moins fatigué, pour un vendredi soir résolument tourné vers l’éclectisme et ouvert aux mélomanes de toutes confessions. B.B.