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16.10.2023 #art

Clément Delépine

Rencontre avec le Directeur général de Paris + par Art Basel quelques jours avant l’ouverture de la 2e Edition

C’est l’un des personnages les plus en vue du marché de l’art et paradoxalement l’un des plus discrets. Clément Delépine a pris la direction de Paris+ par Art Basel lorsque le groupe Bâlois a remporté l’appel d’offre de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) – Grand Palais en 2022. Né à Paris, il a grandi en Suisse avant de partir pour les États-Unis où il s’est forgé une expérience solide. Il nous a accordé un peu de son temps précieux, à quelques jours de l’événement, qui se tient du 19 au 22 Octobre au Grand Palais Éphémère.

« La place de Paris sur la scène artistique internationale est en constante ascension par rapport à d’autres places européennes. »

 

Quels sont vos premiers souvenirs artistiques ?

Clément Delépine :

« Le dimanche, en famille, au Louvre et ailleurs. Ce sont des passages obligés de l’enfance que de visiter les grandes institutions muséales. Mais ça n’est que plus tard qu’on comprend l’importance d’être sensibilisé à l’art dès l’enfance. En Suisse, j’ai poursuivi des études de sociologie et d’histoire et j’ai même commencé une thèse. Seulement la bibliothèque que j’arpente est contiguë d’un musée dans lequel je passe le plus clair de mon temps. Par ailleurs, je fréquente des étudiants de l’École Cantonale des Arts de Lausanne (ÉCAL). Je sens déjà bien à cette époque que l’art résonne en moi. En tous cas davantage que mes études… »

 

 

Comment cela va-t-il se traduire ?

Clément Delépine :

« Mes amis se sont lancés dans la création de petites revues artistiques auxquelles je collabore en écrivant mes premiers papiers. Cette vie de journaliste me plait et me permet d’obtenir un visa pour aller aux États-Unis poursuivre des études de langues. À New York, je rencontre celle qui deviendra ma femme. Notre projet est de rester vivre sur place. Je dégote un stage au Swiss Institute. Puis je gravis les échelons : je deviens Gallery Manager, puis curateur pour en prendre finalement la direction artistique. C’est à cette époque que je commence à travailler avec des artistes. Par la suite, nous voulons changer d’air. Nous choisissons alors Paris. Par chance, un de mes amis qui vient de fonder Paris Internationale, une foire itinérante de jeunes galeries qui prônent l’art émergent, me propose d’en prendre la direction. Puis, Art Basel remporte en 2022 l’appel d’offre de la Réunion de Musées Nationaux pour une durée de 7 ans et j’intègre l’équipe dirigeante de Marc Spiegler. »

 

Qu’est ce qui fait la spécificité de Paris + ?

Clément Delépine :

« Vous le savez, Art Basel existe depuis plus de 50 ans à Bâle, mais aussi à Miami depuis 20 ans et Hong Kong depuis 10 ans. Si ces trois destinations sont très dynamiques, Paris+ par Art Basel bénéficie d’un environnement culturel inégalable. Des musées et des artistes de légende, un maillage de galeries dense, des fondations puissantes et depuis les années 80, une politique publique encourageante. La spécificité de Paris+ par Art Basel c’est Paris. Une ville globale, où se croisent le luxe, la gastronomie, la mode, des industries d’excellence. Ce soft power va profiter à un maillage culturel en constante ascension depuis 20 ans. Ce que nous cherchons à faire, c’est créer l’intersection entre tous ces acteurs. »

 

Justement, que va-t-on découvrir lors de cette édition ?

Clément Delépine :

« Il y a de prime abord une initiative que je tiens à souligner : notre volonté de rendre l’art accessible également à ceux qui ne pourraient s’offrir l’accès à la manifestation. Porter l’art dans la ville, gratuitement, à la vue de tous ceux qui le souhaite a été une de nos préoccupations pour ce programme public. Rendez-vous compte : 25 œuvres dans les jardins des Tuileries, Urs Fischer sur la Place Vendôme, mais aussi Jessica Warboys à la Chapelle des Petits Augustins des Beaux-Arts de Paris, Daniel Buren et Michelangelo Pistoletto au Palais d’Iéna, ou encore Sheila Hicks sur le parvis de l’institut de France : la création sera partout.

Ensuite, s’agissant du Grand Palais Éphémère, au-delà d’un incroyable foisonnement d’exposants d’une richesse sidérante, je voudrais mettre en avant deux exclusivités mondiales, qui ont demandé plusieurs années de travail. D’abord, la galerie parisienne Applicat-Prazan va présenter sept toiles de Jean Hélion, considérées comme les plus importantes tenues en mains privées et jamais exposées. Vous n’aurez pas deux fois l’occasion dans une vie de voir cela. Ensuite, la galerie P.P.O.W de New York présentera un dialogue entre deux artistes, Peter Hujar et David Wojnarowicz, muse l’un de l’autre, morts du sida dans les années 80, et qui dit beaucoup de la persécution subie par la communauté homosexuelle à l’époque. Un travail photographique et un témoignage que j’ai trouvé absolument bouleversant. Dernière chose, j’ai noté parmi les galeries exposantes une poussée assez significative de l’univers des jeux-vidéo. Si la technologie a toujours fait partie du process créatif des artistes, Warhol avait déjà travaillé à l’époque avec IBM sur les toutes premières disquettes, les évolutions technologiques des jeux ont semble-t-il ouvert un champ de création artistique assez vaste. »

 

Urs Fischer, Wave, 2023

Zanele Muholi, The Politics of Black Silhouettes, 2023

Claudia Comte, Five Marble Leaves, 2023

 

 

Propos Recueillis par Nicolas Salomon

Photo Interview: Jean Picon

Autres Photos: Courtesy Paris + by Art Basel

 

La programmation publique  Paris+ par Art Basel, gratuite et accessible à tous:

 

Jessica Warboys ‘This tail grows among ruins’ (2023)
Du 17 au 22 octobre / de 10h à 19h

Chapelle des Petits-Augustins, Beaux-Arts de Paris / 14 rue Bonaparte, Paris

 

Sheila Hicks ‘Vers des horizons nouveaux’ (2023)

Du 17 au 24 octobre

Parvis de l’Institut de France / Paris

 

‘La cinquième saison’

Exposition collective

Du 18 au 22 octobre / de 7h30 à 19h30

Jardin des Tuileries – Domaine national du Louvre / Paris

 

Daniel Buren & Michelangelo Pistoletto
Du 18 au 31 octobre / de 10h à 19h (18 > 22 oct) et de 11h à 19h (23 > 31 oct)

Palais d’Iéna – Conseil économique, social et environnemental / 9 avenue d’Iéna, Paris

 

Urs Fischer ‘Wave’ (2018)
Du 18 oct au 1er décembre
Place Vendôme / Paris

 

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